Quelle est la situation des réserves en hydrocarbures en Algérie ? Comment réduire la croissance de la demande qui se fait au détriment de l'exportation ? Quel modèle proposer pour notre pays, basé sur le mix énergétique et qui fait appel au développement des énergies renouvelables ? Ce sont là autant de questions qui ont été débattues, hier, par des experts, des consultants pétroliers et surtout des anciens responsables de Sonatrach. La conférence a été initiée par le Club Energie et l'Association des anciens ingénieurs diplômés de l'Institut algérien du pétrole. Pour Nassim Zouiouèche, ancien PDG de Sonatrach, les réserves de l'Algérie, quel que soit le niveau d'exploration, sont « vouées à l'assèchement le temps d'une génération », c'est-à-dire dans 25 ans, d'où la nécessité de développer « un modèle énergétique qui devra assurer la satisfaction des besoins internes, mais aussi l'exportation ». La solution réside, par ailleurs, estime-t-il, dans l'intensification de l'exploration dans les grands gisements que sont Hassi Messaoud et Hassi R'mel qui « couvrent à eux seuls 55% des réserves ». Quant à l'exploitation des gaz de schiste, elle nécessite beaucoup de moyens, soit « un montant de 300 milliards de dollars sur dix ans pour une production modeste », a-t-il indiqué. M. Zouiouèche a proposé l'utilisation de « toutes les sources d'énergie, y compris le nucléaire civil ». Il a avancé une autre alternative, le solaire, qui reste viable, mais « encore faut-il qu'il soit plus compétitif par rapport au cycle combiné », a-t-il précisé. Mais il faut, d'abord, revenir à cette histoire de pic, c'est-à-dire, a expliqué le président de l'Association de l'IAP, Baghdadli, « le niveau où toute croissance de la production de gaz et de pétrole devient impossible ». L'avons-nous atteint ? En Algérie, nous avons déjà consommé la moitié de nos réserves en 2012, qui étaient de huit milliards de TEP. La production a connu une croissance de 30% de 1999 à 2008, pour enregistrer ensuite une baisse qu'il dit « inquiétante ». Pour M. Baghdadli, parmi les signes du pic dont il est « difficile de prévoir la date exacte », il y a la taille des gisements, petits et difficiles à exploiter ». Il a annoncé, cependant, une bonne production gazière en 2017 avec l'entrée des nouveaux projets. Ces derniers portent, il est vrai, « sur des gisements anciens ». Comme solution, cet expert pétrolier a suggéré le développement de la récupération assistée qui nécessite, évidemment, beaucoup de capitaux. Intensifier l'effort d'exploration M. Attar, ancien PDG de Sonatrach, appelant à « faire attention au modèle de consommation interne », a jugé qu'« on n'a pas de souci sur le plan de la disponibilité des réserves au moins jusqu'à 2030-2040. Il y a « possibilité de faire d'autres découvertes », a-t-il fait observer. Il faut juste se pencher sur l'effort d'exploration (insuffisant aujourd'hui), d'autant que le domaine national est vaste et se trouve insuffisamment exploré. Néanmoins, M. Attar reste convaincu d'une baisse de la production des hydrocarbures de 2019 à 2022, si on n'intensifie pas l'effort d'exploration et de récupération. Sur la question du gaz, M. Mekidèche, expert en énergie, pense que les mutations du marché, le niveau des prix, la remise en cause des contrats à long terme, ainsi que les incertitudes qui pèsent sur nos réserves « fragilisent notre position de producteur et d'exportateur ». Enfin, M. Aït Laoussine, PDG de Sonatrach dans les années 1980 a mis en garde contre « les chiffres qui n'ont pas changé depuis 15 ans », malgré les nouvelles découvertes. Pour celui-ci, il y a confusion « entre réserves potentielles et réserves récupérables ».