Qui veut fragiliser Sonatrach ? Tiguentourine a mis à nu la défaillance en matière de sécurité des sites pétroliers. Episode deux : les révélations du parquet italien mettent en cause de hauts responsables algériens dans une affaire de pots-de-vin versés par Saipem, la filiale de l'Eni, pour remporter 11 milliards de dollars de contrats en Algérie. Episode trois : les révélations sur SNC Lavalin, qui a arrosé également des pontes du régime pour obtenir de gros contrats en Algérie. Mais pendant que l'image de l'Algérie était souillée à l'étranger, on enregistre paradoxalement un absence de sursaut dans le secteur des hydrocarbures. D'abord, on ne met pas le doigt sur le système maffieux, qui s'est introduit à Sonatrach à travers ses deux agents : Chakib Khelil et Réda Hemch, son cousin. Un système de rapine qui a des connexions au sein du pouvoir algérien. L'indice le plus révélateur est la mise en cause de l'ancien ministre des Affaires étrangères, proche du président Bouteflika, Mohamed Bedjaoui. D'autres noms plus importants vont sans doute tomber dans les prochains jours, prochaines semaines, avec un approfondissement des enquêtes menées à l'étranger. En Algérie, la justice sous les ordres a réagi timidement à tous ces scandales. De grands doutes sont exprimés ici et là sur sa volonté d'aller plus loin dans ses investigations. Ensuite, une marginalisation des compétences qui est à l'origine d'une fragilisation de la compagnie pétrolière nationale. Des personnalités qui peuvent apporter beaucoup à l'Algérie dans le domaine du pétrole et du gaz sont ignorées : Aït Laoussine, Mourad Preure, Nazim Zouiouèche, Abdelmadjid Attar et tant d'autres cadres et experts. Qu'il s'agisse de l'amélioration du taux de récupération des gisements anciens, d'idées pour mettre au jour rapidement des accumulations de gaz et de pétrole au Sud-Est algérien, de stratégie pour muscler Sonatrach, leur expérience est fort utile. Paradoxalement, Sonatrach, le ministère de l'Energie “snobent" ces personnalités. Ils ont beau appeler à la nécessité d'un modèle de consommation énergétique rationnel, à la maîtrise de la consommation énergétique, à une plus grande efficacité énergétique, notamment dans les programmes de construction de logements. Les chiens aboient, la caravane passe. Ils ont également appelé à maintes reprises à produire selon nos besoins. En vain. Résultat, le gaspillage, en Algérie, de ressources fossiles qui sont épuisables est énorme. A ce rythme effréné de consommation énergétique, l'Algérie pourrait ne plus devenir exportateur de gaz en 2020, et de pétrole bien avant. Quant au placement de nos excédents financiers en devises – obtenus à partir des exportations des quantités de pétrole et de gaz, transformées en papier monétaire –, notamment en bons de Trésor américain, il est aberrant. Ces réserves de change procurent des revenus modestes (taux d'intérêt faibles). En revanche, si on produisait selon nos besoins, on laisserait d'importantes quantités d'hydrocarbures en réserve pour les générations futures. En dépit de cette démonstration de bon sens, nos dirigeants campent sur leurs positions. Enfin, il est temps que les questions énergétiques se démocratisent. Car l'évolution du secteur des hydrocarbures inquiète aujourd'hui. L'ouverture d'un large débat sur les questions énergétiques éviterait le scénario catastrophe. Un chemin où risquent de nous mener nos gouvernants avec leur politique actuelle dans le secteur des hydrocarbures. K. R.