Tout le monde ou presque aura les yeux braqués sur ce sommet qui se tient dans un contexte politique explosif. Les relations entre les pays du Golfe connaissent des troubles. Entre l'Arabie saoudite, le Bahreïn et les Emirats arabes unis, d'un côté, et le Qatar, de l'autre, le courant ne passe plus. Ce sommet permettra-t-il de renouer le dialogue ? « La crise entre le Qatar et les trois autres pays du Golfe ne sera pas résolue tant que Doha n'aura pas rectifié sa politique », déclare le prince Saoud al Fayçal, le ministre saoudien des Affaires étrangères. « La tâche ne sera pas de tout repos », reconnaît Nabil al Arabi, secrétaire général de la Ligue arabe. « Lors de la réunion préparatoire du sommet, cette question n'a pas été soulevée », indique Hoshyar Zebari, le chef de la diplomatie irakienne. « Certains points ont été abordés », explique Ramtane Lamamra. Entre l'Egypte et le Qatar, le courant n'est pas meilleur. Selon Fadhel Jawad, secrétaire général adjoint de la Ligue pour les Affaires politiques, « les dirigeants arabes tiendront une session spéciale pour assainir l'atmosphère et faire des compromis ». Les analystes mettent en garde contre le risque de voir le bras de fer actuel entre les Russes et les Occidentaux s'étendre à un monde arabe déjà divisé et épuisé. Lors de ce sommet, les participants plancheront, entre autres, sur la question palestinienne qui traverse une étape déterminante, la crise syrienne (146.000 morts), le terrorisme et les retombées du « printemps arabe » qui a bouleversé la carte de la région depuis trois ans, comme en Libye qui est en passe de se transformer en terroir « djihadiste » du monde entier. « Nous faisons face à d'énormes troubles dans la plus grande partie du monde arabe (...) il est temps de discuter de l'avenir », soutient al Arabi. Selon la presse égyptienne, Le Caire et Ryad vont proposer un nouveau pacte antiterroriste et soumettre une résolution déclarant les Frères musulmans « hors-la-loi ». Contrairement au sommet tenu, en mars 2013, au Qatar, Ahmad al Jarba, chef de l'opposition syrienne, n'occupera pas le siège de son pays car la coalition qu'il dirige n'a pas réussi, depuis 2011, à mettre en place ses institutions. « A la lumière du contexte international, la Ligue doit prendre l'initiative et assumer son rôle pour parvenir à une solution pacifique dans le cadre de la mission de Brahimi », estime Lamamra. Son homologue qatari, Khaled al Attiya, a déclaré : « Nous appelons à un cessez-le-feu en Syrie par une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU sous le Chapitre VII prévoyant le recours à la force », dit-il.