En 2014, une superficie de 164.000 hectares (ha) est irriguée, a indiqué, hier, à Alger Mohamed Kessira, sous-directeur chargé des techniques d'irrigation au ministère de l'Agriculture, lors de la conférence-débat organisée par la fondation Filaha Innove à Alger.Un programme d'économie de l'eau, pour la période 2010-2014, a permis de relever que 90% des eaux pluviales vont à l'agriculture. « Il y a moins de pluviosité et plus d'irrigation en Algérie », a signalé M. Kessira lors de son exposé. En 2013, 1.100.000 hectares ont été irrigués, soit 66% de la sole irriguée. Pour les céréales, l'objectif est d'atteindre au moins 600.000 ha, pour une production de 500 quintaux/ha, pour l'oléiculture intensive, un million d'ha pour les cultures fourragères, 200.000 ha en plus des cultures maraîchères stratégiques, a-t-il développé. L'objectif est d'atteindre, selon lui, une économie d'eau en dose maximale de 8.000 m3/ha/an avec une augmentation de la production agricole de 70%. Il a déploré que « le mètre cube d'eau n'est pas valorisé en Algérie ». Les besoins sont de 10 milliards m3, a-t-il souligné. Sur la problématique du lait, le docteur Karim Rahal, de l'université de Blida, a rappelé que la politique du renouveau agricole initiée depuis 5 ans devait permettre de doubler la production. « Mais on n'y ait pas encore », a-t-il regretté. L'Algérie importe pour un milliard de dollars de poudre de lait, ce qui est énorme, estime-t-il. Pour cet universitaire, le problème de la filière réside d'abord dans le prix administré ensuite dans l'importation massive de génisses pleines pour une valeur à l'unité supérieure ou égale à 1.800 euros, en plus du problème du foncier et de l'approvisionnement en fourrage. Actuellement, le lait cru est à 50 DA, ce qui reste inaccessible aux catégories sociales les plus démunies, selon les experts et représentants du ministère. Pour Dr Rahal, le plus important problème est le manque de professionnalisme chez les éleveurs. C'est pourquoi, le comité interprofessionnel du lait a mis en place une formation conseil au profit de ces professionnels dans le but d'améliorer la technicité et la production. L'Algérie perd ses semences locales Pour sa part, Nacer Idrès, expert en production et santé animale, a souligné que l'éleveur perd 250 DA/jour par vache. Il préconise un retour à la consommation de lait cru. S'agissant de la subvention, M. Idrès affirme qu'elle « n'arrive pas directement à l'éleveur. C'est pourquoi il faudra laisser le marché imposer son prix ». Pour ce qui est de l'aliment de bétail, l'Algérie importe 350.000 tonnes de maïs pour un montant de 200 millions d'euros, a-t-il noté. De son côté, Sabrina Ichou, sous-directrice du développement des filières animales, a signalé que le prix du lait revient à 60 DA le litre à l'éleveur. Pour la culture fourragère, Dr Amine Bensemmane, président de la fondation Filaha Innove, a indiqué que « si on arrive à 200.000 ha de production fourragères au sud, cela permettra de répondre aux besoins des éleveurs » mais, selon lui, « il faudra une décision politique dans ce sens ». Une des solutions viendrait, selon Dr Rahal, de l'agriculture familiale. Les Nations unies ont décrété 2014, année internationale de l'agriculture familiale. Et pour cause, l'agriculture intensive, la sur-irrigation et l'intensification des engrais chimiques et produits phytosanitaires sont considérés par l'ONU une comme orientation dangereuse pour la santé. Le Dr Rahal a dénoncé l'importation des engrais chimiques et des semences au détriment des semences locales. Interrogé sur le nombre d'exploitations familiales en Algérie, il a répondu qu'« actuellement, aucune statistique n'est disponible ». A ce propos, Mme Ichou a indiqué que 80% des exploitations d'élevage possèdent moins de 6 bovins. Il est à signaler qu'environ 90% des agriculteurs et éleveurs sont des privés.