Un tiers de la production laitière de l'Algérie est perdue chaque année à cause de la méconnaissance des techniques de l'élevage bovin et de la non maîtrise du processus de collecte. Selon le Dr Rahal de l'université Sâad Dahleb de Blida qui a réalisé une étude sur la production et la collecte de lait dans la région de Blida, les éleveurs maîtrisent mal la technicité du traitement du lait et de sa collecte. En outre, l'insémination artificielle est pratiquée d'une manière aléatoire. A cela s'ajoute le manque d'hygiène, d'espace, d'aération et surtout d'eau. Conséquence : 30% de la production nationale de lait est perdue. Pourtant, la tutelle affirme avoir tout fait pour encourager les éleveurs et les collecteurs. « L'Etat facilite l'octroi de crédits sans intérêts, subventionne l'achat de l'engrais et la semence », affirme le directeur de la direction de l'agriculture de la wilaya de Blida qui précise qu'un budget colossal est destiné pour encourager la filière du lait à fournir plus d'effort afin de couvrir les besoins nationaux. A cela s'ajoute l'aide accordée par certains transformateurs à des éleveurs pour produire davantage de lait. « Nous accordons des crédits sans intérêt aux collecteurs pour l'achat des cuves réfrigérantes et nous aidons aussi les éleveurs dans l'achat de la semence fourrage importée », soutient M. Azzem, responsable de la collecte au niveau de l'usine de l'entreprise Soummam. D'autres transformateurs estiment que l'éleveur a tous les moyens nécessaires de produire plus de lait. Mais il semble que la majorité des éleveurs pratiquent toujours des méthodes archaïques dans l'élevage. Les résultats sont tout juste moyens : 18 litres par vache laitière alors qu'une vache peut donner jusqu'à 70 litres par jour. «Presque tout les éleveurs n'ont pas de niveau scolaire pour bien comprendre le processus de l'insémination artificielle et les méthodes qui nécessitent constamment de l'hygiène », rappelle Dr Rahal de l'université Sâad Dahleb qui préconise une aide des techniciens et spécialistes aux éleveurs. Car pour lui, «même si l'Etat continue à soutenir les éleveurs en leur fournissant par exemple gratuitement des abreuvoirs et autres équipements, la production ne peut que stagner ou baisser si ces éleveurs ne maîtrisent pas d'une manière moderne l'opération de collecte de lait. Ces carences ont engendré d'autres problèmes. Faute de lait cru, beaucoup d'hommes d'affaires qui ont investi dans la transformation peinent à démarrer. « Nous avons déposé le dossier il y a plusieurs mois auprès de l'Office national de l'importation du lait en poudre (ONIL), mais nous n'avons reçu aucune réponse. Notre survie dépend de l'ONIL », estime le chef de la production d'une SARL de l'agroalimentaire qui vient d'entamer la production.