Il était près de 11h du matin lorsque les premiers journalistes sont arrivés à la maison de la culture de Bejaïa pour assurer la couverture du meeting du directeur de campagne du candidat Bouteflika, Abdelmalek Sellal. Des centaines de personnes se sont regroupées sur le lieu du meeting, brandissant des banderoles hostiles au quatrième mandat. Le premier incident a eu lieu quand des individus s'en sont pris à la caméra de l'ENTV. A l'intérieur de la salle des conférences de la maison de la culture, on s'occupait a apporter les dernières retouches pour accueillir la délégation officielle. A moitié pleine, les organisateurs installaient les derniers arrivés dans la salle. L'attente a été longue. Dehors, les organisateurs demandaient aux personnes qui désiraient assister au meeting d'entrer dans la salle pour fermer la porte. Chose faite. Quelques minutes plus tard, la délégation officielle n'était toujours pas là. A 12h10, on demandait à la presse de désinstaller le matériel et de se mettre derrière la scène. Tout indiquait que le meeting était annulé, mais personne n'était en mesure de l'annoncer officiellement. Les journalistes sont priés de rejoindre leurs places car Sellal allait arriver dans 5 minutes. Les deux issues du centre culturel étaient fermées. La foule était plus nombreuse dehors puisque plusieurs centaines de personnes ont rejoint les quelques manifestants qui se trouvaient sur le lieu en début de matinée. Les éléments de la Protection civile commençaient à faire entrer les premiers policiers blessés. Les manifestants ont tenté de défoncer la porte pour y pénétrer. Un deuxième ordre a été donné à la presse de quitter la scène. L'impatience a gagné les présents. Ils voulaient sortir mais cela n'était pas possible. Des jeunes et des femmes ont pris la parole pour calmer les esprits et affirmer le soutien de toute la population de Bejaïa au candidat, scandant « Bouteflika, Bouteflika, Bouteflika ». La panique a gagné l'assistance qui s'est mise derrière la scène afin de trouver une issue, pendant que la foule, à l'extérieur, bloquait toutes les sorties et s'attaquait à toute personne qui osait s'approcher du portail. Les quelques personnes qui ont réussi à sortir par la porte de secours ont escaladé le mur d'enceinte pour fuir. Les journalistes sont évacués dans des camions blindés de la police tandis que les forces antiémeute tentaient de disperser la foule pour permettre aux camions de quitter les lieux. Cela n'a pas empêché les manifestants de lancer des projectiles qui ont atteint les engins.