Lors de la cérémonie célébrant le rattachement officiel de la Crimée à la Russie, le président russe Vladimir Poutine s'était engagé à défendre « par tous les moyens » les populations russophones des républiques de l'ex-URSS. Moins d'un mois après, les communautés russophones de l'est de l'Ukraine, principalement à Kharkiv, Lougansk et Donetsk se sont soulevés, à leur tour, pour réclamer leur adhésion à la « Mère Russie ». Elles veulent l'organisation de référendums sur l'avenir de leurs régions, après avoir descendu les drapeaux ukrainiens bleu et jaune pour hisser à leur place le blanc-bleu-rouge russe. Mais c'est à Donetsk, grande ville de l'est russophone de l'Ukraine, que la revendication a pris plus de forme. Les manifestants qui occupent le bâtiment de l'administration locale ont proclamé, hier, une « république populaire de Donetsk ». Le Conseil populaire de la région a annoncé l'intention de créer la république de Donetsk et d'entrer au sein de la Fédération de Russie après un référendum sur cette question qui sera organisé au plus tard le 11 mai prochain. « La république populaire de Donetsk est créée dans les frontières administratives de la région de Donetsk. La décision sur cette question entrera en vigueur immédiatement après le référendum (sur l'indépendance de la région vis-à-vis de l'Ukraine et son rattachement à la Russie) », stipule le communiqué du Conseil populaire. A Kharkiv, des protestataires avaient également pris le contrôle du bâtiment de l'administration locale mais après des négociations, ils ont évacué les lieux qui étaient de nouveau sous contrôle gouvernemental selon le ministre ukrainien de l'Intérieur, Arsen Avakov. Pris de court, le gouvernement ukrainien par intérim crie à l'invasion. Après avoir envoyé son adjoint à Donetsk, le Premier ministre (pro-européen), Arseni Iatseniouk, a accusé la Russie de mettre en œuvre « un plan pour démembrer l'Ukraine ». « Ces incidents font partie d'un plan pour déstabiliser la situation, pour qu'une armée étrangère passe la frontière et envahisse le territoire ukrainien, ce que nous ne permettrons pas », a accusé M. Iatseniouk lors d'une réunion de son cabinet retransmise en direct à la télévision. Son ministre des Affaires étrangères, Andreï Dechtchitsa, a promis d'opposer une riposte ferme en cas d'escalade de la situation. Autre réaction du camp pro-occidental : le président tchèque. Milos Zeman a appelé l'Otan à intervenir militairement. « Si la Russie décide d'étendre son expansion territoriale à l'est de l'Ukraine, la comédie aura assez duré », a-t-il déclaré. Le gouvernement allemand a exprimé sa « préoccupation » en appelant à travailler à la stabilisation de la région pour éviter des embrasements. La veille, la chancelière allemande Angela Merkel a préconisé de nouvelles sanctions économiques contre la Russie en cas de nouvelle atteinte « à l'intégrité de l'Ukraine ».