Après plusieurs tentatives infructueuses à l'initiative du président Nicolas Maduro, une délégation de ministres de l'Union des nations sud-américaines (Unasur) est parvenue à réunir jeudi soir autour de la même table le gouvernement et une partie de l'opposition, dont son chef de file Henrique Capriles, accompagnés, pour l'occasion, par les ministres des Affaires étrangères du Brésil, de Colombie et de l'Equateur et du nonce apostolique au Venezuela. Mais cette première réunion a rapidement donné lieu aux habituelles récriminations et invectives réciproques, illustrant l'opposition idéologique entre les tenants du « chavisme » qui prônent la continuité de modèle socialiste de Hugo Chavez (1999-2013), et ses contempteurs. Dès le début de la rencontre, radiotélévisée à la demande de l'opposition, Maduro a rejeté catégoriquement les principales revendications de ses opposants : l'amnistie pour les personnes emprisonnées depuis le début des violences et le désarmement des « collectifs » des groupes de civils armés proches du gouvernement. « Il y a un temps pour la justice et un temps pour le pardon. Pour l'instant, c'est le temps de la justice », a-t-il déclaré avant de qualifier les collectifs de « simples groupes de travail social » et prévenant qu'il n'y aurait « ni négociation ni accord ». Après avoir accusé, une nouvelle fois, ses opposants d'« ourdir un coup d'Etat contre son gouvernement », le président vénézuélien a exigé « une condamnation de la violence comme mode d'action politique, comme stratégie pour changer les gouvernements ». En face, le chef de file de l'opposition, Capriles, a rejeté les accusations en assurant que le pays « se trouve dans une situation extrêmement critique. Nous voulons que ce problème soit résolu et nous rejetons la répression ». Selon le dernier bilan du ministère public, les violences autour des mobilisations ont fait 41 morts et 650 blessés. 120 enquêtes ont été ouvertes contre des membres des forces de l'ordre soupçonnés d'atteintes aux droits de l'homme. Une répression condamnée par la Conférence épiscopale (Eglise) du pays qui a accusé le parti de Maduro de vouloir imposer « un gouvernement totalitaire ».A défaut d'un accord, Maduro propose à l'opposition de participer à des commissions de discussion. Il a convoqué une nouvelle rencontre pour ce mardi.Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, qui s'est félicité de l'ouverture de ce dialogue, appelle tous les acteurs à « trouver un terrain commun pour surmonter les défis actuels rencontrés par le Venezuela ».