En effet, cette secte islamiste a commis de janvier à avril une cinquantaine d'attenants et causé la mort de plus de 1.500 personnes, selon Amnesty International. Depuis mercredi dernier, elle a tué plus de 150 personnes dans le nord-est du pays, son fief, dont 60 dans un seul village, selon Ahmed Zannah, sénateur de l'Etat de Borno, cité par la BBC. L'organisation a perpétré, hier matin, vers 6h45 (heure local), à une heure de pointe, un double attentat dans une gare routière à la sortie sud d'Abuja, la capitale. La cible : des travailleurs se rendant à leur travail. Bilan : 71 morts et 124 blessés, dont certains sont dans un état grave, a indiqué Frank Mba, le porte-parole de la police. Les explosions, dont l'une provoquée par un véhicule à l'intérieur de la gare qui a laissé un trou de 1,2 m de profondeur, auraient détruit une trentaine de véhicules, pour la plupart des autobus, a déclaré Manzo Ezekiel, porte-parole de l'Agence nationale de gestion des urgences. Cette attaque dans la capitale fédérale, plus précisément dans la gare routière de Nyanya Motor Park, est la plus spectaculaire du groupe qui réclame l'instauration d'un Etat islamique dans le nord du pays. Elle dépasse de loin en atrocité l'attentat suicide à la voiture piégée contre le siège des Nations unies, qui a fait 26 morts, le 26 août 2011, et celui qui s'est produit à l'extérieur d'une église catholique à Madalla, à la périphérie d'Abuja (44 morts), en décembre de la même année. « Nous avons perdu un grand nombre de personnes. Boko Haram est une vilaine page de l'histoire de notre développement (...), mais nous allons en venir à bout (...) la question de Boko Haram est temporaire », a déclaré le président nigérian Goodluck Jonathan. Critiqué pour son impuissance face à Boko Haram, le Président, qui a le regard fixé sur les élections générales prévues dans un an, a promis, lors de sa visite sur les lieux de l'attentat, de vaincre la secte. Que faire ? Pour mettre fin à l'insurrection islamiste qui secoue la région nord-est depuis 2009 et a provoqué un afflux de réfugiés dans les pays voisins (50.000 selon l'ONU dans le Niger voisin), l'armée, qui affronte aussi le Mouvement pour l'émancipation du delta du Niger, un groupe armé qui « perturbe » la stabilité dans le Sud, a déclenché une offensive d'envergure en mai 2013. Selon les analystes, ces dernières attaques jettent de nouveau le doute sur les capacités de l'armée et les déclarations de certains de ses responsables donnant Boko Haram « affaibli ». La Cédéao propose une action commune pour contrer la furie de l'organisation terroriste qui reçoit, selon le commandant américain de l'Africom, le général Carter Ham, un soutien financier, probablement un entraînement, peut-être quelques explosifs d'Aqmi. Ce « lien » aurait poussé Abuja à solliciter le soutien et l'assistance de l'ONU.