Ceux qui se posent encore la question du «qui tue qui ?» durant la «décennie rouge» la période pendant laquelle l'Algérie a souffert des affres du terrorisme dans le silence et la complicité des autres doivent songer à faire publiquement leur mea culpa et présenter leurs excuses. Soit après avoir parcouru les trois rapports du contre-espionnage français sur la fin tragique des moines de Tibehirine déclassifiés. Soit après avoir entendu la déposition du général Philippe Rondot, un officier du contre-espionnage français rendu célèbre par ses carnets dans l'affaire Clearstream, devant Marc Trévidic et Nathalie Poux, les juges d'instruction antiterroristes chargés de l'enquête sur l'assassinat de ces religieux après leur enlèvement dans le monastère de Notre-Dame de l'Atlas, à Médéa, dans la nuit du 26 au 27 mars 1996. Point de trace de la thèse de la bavure de l'armée algérienne ! Comme lors de son audition en décembre 2006 par le juge Jean-Louis Bruguière, alors chargé de l'enquête, le Général qui était chargé de mission à la Direction du contre-espionnage français à l'époque, avait affirmé à Trévidic et Poux n'avoir «aucun élément qui irait dans le sens d'une manipulation » des services algériens. Djamel Zitouni, l'émir du GIA, groupe islamique armé, a revendiqué le 23 mai 1996 l'enlèvement et l'assassinat des sept moines. Pour lui, pas de doute, «c'est un groupe affilié à Zitouni, sinon Zitouni lui-même» qui est responsable de l'enlèvement et de l'assassinat des sept moines. Aux juges qui voulaient le mener sur d'autres pistes que le GIA, le Général a répliqué : «Je n'ai aucun élément crédible que j'aurais pu recueillir qui permettrait d'affirmer que les services algériens (...) auraient été complices» de cet enlèvement et cet assassinat». Pis, il dit n'avoir même pas eu une «information» sur l'hypothèse d'une bavure de l'armée algérienne si chère à l'ancien attaché militaire de l'ambassade de France à Alger, le général d'opérette François Buchwalter qui a pris pour argent comptant le délire d'un «félon».