«Le projet est grand et noble.». Il dépasse les dissensions, les ambitions et les calculs politiciens. «Les Algériens doivent savoir que la réconciliation nationale exige de nouveaux sacrifices. C`est la taxe de la paix. Je n'ai jamais occulté cette vérité, mais le peuple doit être conscient aussi que ce processus est incontournable, inaliénable pour le retour de la paix et la sécurité dans le pays.» Abdelaziz Bouteflika, qui a présidé hier à Skikda un séminaire sur l'offensive du 20 août 1955 sur le Nord constantinois, a consacré la moitié de son discours à son projet de Charte pour la paix et la réconciliation nationale même si la campagne pour le référendum n'a pas encore commencé. Un détail qui compte peu vu l`importance de l'événement. Hier, le président de la République n'a pas caché ses ambitions. «Ce projet a besoin de l'adhésion massive du peuple. Rien ne sera fait contre la volonté du peuplea-t-il dit. Tout en rappelant que le projet de charte constituera, s'il est appuyé par le peuple, une page lumineuse dans l'histoire de l'Algérie. Les réactions suscitées par la charte en question n'ont pas laissé le président indifférent. Il s'adressera dans ce sens aux plus réticents en précisant que «le projet est grand et noble». Il dépasse les dissensions, les ambitions et les calculs conjoncturels. Le président cite, principalement ces voix qui se sont assignées comme mission de semer le doute et la division, sans pour autant montrer du doigt des parties déterminées. Aux plus réticents, le président les invite à bien lire le document de la charte. Pas de retour de l'ex-FIS sur la scène politique Le premier point sur lequel a beaucoup insisté le président de la République, n'est autre que l'épineuse question relative à l'activité politique du parti dissous. Sans équivoque il lance: la réconciliation nationale ne veut en aucun cas dire le retour à la situation qui a précédé cette crise. Il a invité dans ce sens, le peuple à barrer la route à tous ceux qui ont utilisé la religion à des fins politiciennes pour leurs propres ambitions et qui continuent de le faire aujourd'hui. Avant d'ajouter qu'il est clair que les Algériens ont appris la leçon. C'est la deuxième fois que la président revient sur cette question depuis son discours du 14 août. C'est un message clair qu'il vient de formuler afin de clore définitivement ce dossier et l'écarter de toute surenchère. La scène politique en Algérie, comme il a souligné, est diversifiée. Ceux qui veulent exercer des activités politiques devraient le faire dans le cadre de ses frontières. «La réconciliation n'est pas synonyme d'impunité, et l'amnistie ne sera point un moyen pour blanchir les protagonistes de cette crise.» C'est ce qu'a plaidé le président dans son long discours prononcé à la salle Aïssat-Idir à Skikda. De ce fait il rassure l`assistance que l'Algérie n'oubliera jamais les effets dévastateurs du terrorisme. Mais il se trouve, selon lui, que le moment est venu pour tourner définitivement la page même si les effets pervers du terrorisme continuent de frapper certaines régions du pays guidé par des personnes qui tiennent apparemment à la confrontation avec le peuple. A ces derniers le président lance un dernier appel en les mettant en garde que le peuple ne peut pardonner éternellement. Le peuple peut excuser une fois, deux fois peut-être même trois fois .. mais toute chose a ses limites, a martelé Bouteflika qui a défendu bec et ongles son projet qui vient parachever un processus déjà entamé en 1999 avec la concorde civile et a appelé le peuple à participer à la restauration de la paix. La réconciliation est un choix volontaire A ceux qui classent son projet dans le cadre des pressions exercées sur le pouvoir par des cercles étrangers. Aux partis qui qualifient ce processus comme un signe de défaite ou encore un mea-culpa de la part des autorité, du pays, le président de la République réplique: «La réconciliation nationale est un choix volontaire et vital». Volontaire, la main tendue du président découle d`un seul souci celui d`unir de nouveau un peuple déchiré par la crise, a-t-il fait savoir. L'Etat fort a vaincu le terrorisme grâce à la lutte sans merci menée par les services de sécurité. Autrement dit, ce phénomène ne constitue plus une menace sur le pays. Donc ce n`est pas en position de faiblesse que le pouvoir a agi. Vital, parce que dans la conception du président, il n`existe pas d`alternative à la réconciliation. L`Etat est déterminé à combattre ce phénomène. Nous ne tomberons pas deux fois dans ce piège. Le terrorisme sera exterminé. Le président a profité de son discours pour rendre un vibrant hommage à l'Armée nationale populaire. La réconciliation permettra, selon lui, de garantir une immunité définitive à l'Armée nationale. Il continue sur sa lancée ave on très ferme pour assurer que l`Algérie ne pardonnera plus à ses voix étrangères qui n`ont pas hésité à incriminer cette institution de la République. Bouteflika a révélé hier, que la réconciliation constitue le premier pas dans un long processus qui vise à endiguer les germes de la crise. Bouteflika annoncera-t-il de nouvelles mesures dans le cadre de son projet? Tout porte à croire que oui. Il faut noter dans ce sens que la secrétaire générale du PT Mme Louisa Hanoune et le président du MSP M.Boudjerra Soltani ont fait savoir, à l`occasion de leurs dernières sorties, que le chef de l`Etat va rendre publiques d'autres mesures, sans pour autant donner des détails. Le président a reconnu la complexité du dossier des disparus. Il a appelé, dans ce sens, le peuple à l'aider pour résoudre cette question. Le colonialisme n'a aucun mérite Le président Bouteflika est revenu, dans son discours, sur la polémique suscitée autour de la loi glorifiant la période coloniale. Il a qualifié, à ce sujet, les pratiques coloniales en Algérie de crimes contre l`humanité. Ce sont des crimes qui ne peuvent être effacés par une décision politique. C`est un fait que nul ne peut ignorer ou nier, fait-il remarquer. Bouteflika insiste sur le fait que celui qui veut mettre sur un pied d`égalité la victime et son tortionnaires n`aspire en réalité qu'à justifier l`injustifiable qualifiant cette vision de rétrograde. Le président a assimilé les crimes commis par l'armée française à ceux pratiqués par le fascisme et les nazis. Rappelons enfin que la réaction des Algériens a été une réponse naturelle à un colonialisme.