En optant, par une très large majorité des suffrages exprimés, pour le candidat Abdelaziz Bouteflika, les citoyens-électeurs ont choisi la voie de la continuité. L'environnement international, particulièrement dans sa portion arabo-africaine, et le traumatisme de la dramatique période de la tragédie nationale, mais aussi l'amélioration du niveau de vie d'une large frange de la population, comme l'atteste la croissance de la classe moyenne ces quinze dernières années, auront incontestablement constitué des facteurs déterminants dans le verdict de l'urne. Il est indéniable que pour l'écrasante majorité du peuple algérien, Bouteflika est le symbole avéré de la stabilité et de la paix retrouvées. Son projet de réconciliation nationale, matrice du programme de redressement, aura indubitablement permis de relever un défi sécuritaire majeur que l'écrasante majorité des observateurs, même les plus optimistes, jugeaient, au crépuscule de la décennie 90, quasi utopique. C'est aussi cette victoire contre l'instabilité et le chaos, vécus dans leur chair par nos contemporains, que les votants ont plébiscitée jeudi dernier. D'autant que notre aire géographique immédiate connaît, présentement, une déferlante de violence qui emporte Etats et peuples. Au nom d'un printemps, noir comme la mort, de Tripoli à Damas, des pays sont démembrés, des peuples divisés ou exilés et des nations atomisées. Les beaux idéaux de lendemains de liberté n'ont, en fait, charrié, de Bagdad au Caire, que larmes et désolation. Autant qu'un oui à Bouteflika, nos concitoyens ont aussi dit non aux illusions de démocratie en ce 17 avril de l'an 2014. Et comme la stabilité rime souvent avec développement, les quinze années de mandat du président Bouteflika auront également été marquées par une amélioration sensible du niveau de vie des citoyens. Elu à la tête de l'Etat, au moment où la République algérienne vivait l'une des périodes des plus critiques de sa courte histoire, caractérisée par les dégâts collatéraux de l'application des plans d'ajustement structurels imposés par le FMI (une diminution du pouvoir d'achat de l'Algérien d'environ 40% en dix ans), Bouteflika aura réussi à inverser la tendance, en utilisant à bon escient les retombées d'un marché pétrolier à son plus haut niveau. L'effacement de la dette extérieure du pays, l'investissement dans les infrastructures de base, le logement, les dispositifs de création d'emplois et la quête d'une justice sociale à travers les budgets conséquents réservés aux transferts sociaux et autres subventions (un tiers du PIB selon certaines estimations) auront permis à d'importantes catégories de la population de venir grossir la classe moyenne (selon une enquête de l'ONS, les dépenses des ménages ont presque triplé en dix ans, passant de 1.500 milliards de dinars en 2000 à 4.490 en 2011). C'est donc cette politique, certes à parfaire - mais l'idéal n'est-il pas l'apanage du Tout-Puissant ? - qui a permis à son concepteur de remporter 81,53% des suffrages exprimés. Jeudi dernier, la voix hégémonique dans l'urne est l'écho d'un appel à ne pas dévier de la voie de la continuité.