Le Comité de suivi de l'initiative de paix arabe qui a donné fin juillet son feu vert à Mahmoud Abbas pour engager des négociations directes avec les Israéliens, ne se réunira ni ce lundi, comme annoncé, ni même mercredi prochain au Caire pour discuter sur ces négociations après le refus de Benyamin Netanyahu de prolonger le moratoire sur la colonisation en Cisjordanie qui a pris fin le 26 septembre, malgré d'intenses pressions internationales. Dans l'espoir de voir aboutir la mission de la dernière chance de l'émissaire américain George Mitchell : faire changer d'avis les Israéliens sur la reprise des constructions qui « rendra inutiles » les négociations, proposer une solution qui empêchera Mahmoud Abbas de quitter les pourparlers ou trouver un compromis entre les deux parties pour qu'elles continuent leurs pourparlers, Amr Moussa renvoie la décision arabe et par là palestinienne au sommet arabe extraordinaire, prévu le 10 octobre à Syrte, en Libye. C'est dans cet esprit qu'il s'est rendu mercredi à Tripoli pour rencontrer Mouammar Kadhafi. Moussa, Abbas et certains dirigeants arabes dits modérés attendent depuis lundi dernier de voir si Barack Obama qui a assuré la médiation des négociations le 2 septembre réussirait avec la pression diplomatique supplémentaire de Catherine Ashton, la Haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères, à faire plier Netanyahu dans les prochains jours et sauver ces pourparlers de paix. Selon Maariv, un quotidien israélien citant David Makovsky, un expert à l'Institute for Near East Policy et réputé proche de Dennis Ross, le conseiller à la Maison Blanche, le président a proposé cette semaine au Premier ministre israélien d'accepter un moratoire de deux mois en échange d'une livraison d'armes sophistiquées (avions de combat, systèmes de défense, accès au système de surveillance par satellite), de l'assurance que les Etats-Unis empêcheraient les Palestiniens de soulever la question des colonisations en dehors des négociations directes, bloqueraient toute tentative arabe de proclamer un État palestinien au Conseil de sécurité et d'un soutien à une présence militaire israélienne en Cisjordanie et ce pour une période limitée, après la constitution d'un Etat palestinien. Selon Israël Hayom, un autre quotidien, le chef du gouvernement pourrait annoncer à la place d'un moratoire une « limitation de la construction », c'est-à-dire du rythme des dix derniers mois passés, soit 1.200 logements. Mahmoud Abbas qui menace de claquer la porte du dialogue qui demande depuis la fin du moratoire un sursis de quatre mois à condition qu'un accord sur les frontières du futur Etat palestinien soit conclu, se suffira-t-il de cette « limitation » pour justifier son « pas de décision hâtive » ? « Nous devons étudier toutes les répercussions de la reprise de la colonisation », dit-il sans expliciter à quoi renvoie ce « nous », ni rappeler que la Feuille de route, le plan de règlement international du conflit adopté en 2003 par le Quartette (Etats-Unis, Russie, Union européenne, ONU) exige un « arrêt total des activités de la colonisation » car leur poursuite enlève tout sens à la négociation sur les frontières d'un futur Etat palestinien et crée des faits accomplis irréversibles. Les Etats-Unis et l'Europe qui ont toujours laissé Israël faire vont-ils après avoir été « furieux du rejet par Israël de leur offre », voir autrement cet Etat qui défie la paix mondiale ?