Le Brésil, qui donne le ton en Amérique Latine, saura-t-il donner le ton aux pays du Sud ? Cent trente six millions de Brésiliens se rendront aujourd'hui aux urnes pour élire le successeur du charismatique président Luis Inacio Lula da Silva, les 531 députés de l'Assemblée nationale, 54 des 81 sénateurs, les 27 gouverneurs et les députés des Etats fédérés. Un second tour pourrait être organisé le 31 octobre pour l'élection du président et des gouverneurs si aucun des candidats n'obtient la majorité des suffrages exprimés. Sur les quatre principaux candidats en lice, Dilma Rousseff, 62 ans, surnommée la «Dame de fer» au Parti des Travailleurs (PT) pour ses capacités de travail, est la mieux placée. La dauphine du président—elle appartient à la même formation que lui—caracole dans les sondages : 53% des intentions de vote. Elle a réussi à distancer de 25 points son principal rival José Serra, 68 ans, un ancien gouverneur de Sao Paulo qui représente le parti social-démocrate qui ramasse péniblement 28% de voix, même s'il prône lui aussi une politique de centre-gauche. Quant à la troisième, Marina Silva, 52 ans, la candidate des Verts et l'ex-ministre de l'Environnement de Lula en 2003, qui a appelé ses militants à arracher des votes pour obtenir un second tour, elle est quasiment écrasée dans les sondages (14%). Selon certains analystes, Dilma Roussef qui pourrait profiter des résultats économiques obtenus par Lula (7% de croissance en 2010, taux de chômage descendu à 6,7% en août, éloignement de 29 millions de Brésiliens de la pauvreté, sous perfusion économique en 2002, c'est le Brésil qui prête de l'argent au FMI maintenant) l'emporterait dès aujourd'hui. Outre «ses» résultats économiques qui ont hissé le pays de Pelé au rang de dixième puissance économique mondiale, Lula léguera à celui qui le remplacera quelques cadeaux en or. Comme l'organisation du Mondial de football de 2014, des jeux Olympiques de 2016 et un siège en or massif dans la cour des grands—il a réussi à faire du G20, qui réunit pays riches et émergents, l'enceinte privilégiée des discussions sur le nouvel ordre mondial. Les challenges de son héritier semblent tout désignés : arracher un siège au Conseil de sécurité comme membre permanent et figurer parmi les cinq économies de la planète d'ici à 2020. Le Brésil, qui donne le ton en Amérique Latine, «là où le Brésil va, l'Amérique latine ira», disait Nixon, l'ex-président américain, saura-t-il donner le ton aux pays du Sud ?