Dialogue de sourds au Proche-Orient. Benyamin Netanyahu qui a, lors de son premier mandat de 1996 à 1999, torpillé les accords d'Oslo, judaïsé une partie d'El Qods, criminalisé l'enseignement de la «nakba», demande à Mahmoud Abbas qui ne souhaitait qu'une reconduction du gel partiel des constructions en Cisjordanie de « poursuivre les négociations sans discontinuité» s'il veut aboutir à «un accord de paix historique en un an». Mahmoud Abbas qui attend le 9 octobre pour connaître la position de la Ligue arabe sur les pourparlers de paix avec Israël qui «n'ont apporté jusqu'ici aucune percée pour obliger Israël à stopper la construction des installations de colons juifs sur les territoires occupés» selon Nabil Abu Rdineh, son porte-parole, opte, sur proposition de l'OLP, Organisation de libération de la Palestine qui chapeaute l'Autorité palestinienne, pour une suspension des négociations avec Benyamin Netanyahu qui a laissé la construction des colonies reprendre après l'expiration du moratoire de dix mois, malgré ses avertissements de gel de ces pourparlers. «Il ne peut y avoir la paix et la colonisation en même temps», explique Saeb Arekat, le négociateur en chef palestinien estimant que «toute paix doit être basée sur la justice et la légalité internationale». Autrement dit, le président palestinien qui a fait savoir qu'il prendrait sa décision définitive après la réunion de la Ligue arabe en Libye, ne fuit pas le dialogue. Selon son entourage, il souhaite poursuivre les négociations si George Mitchell, l'envoyé spécial américain dans la région, réussit à surmonter les obstacles qui entravent la poursuite du dialogue direct relancé le 2 septembre à Washington, après une rupture de 20 mois. Selon l'Américain qui continue sa tournée dans la région - après Doha il s'est rendu au Caire et Amman avant de se rendre en Europe - pour maintenir sur rails les négociations, Netanyahu lui a fait part aussi de sa volonté de «ne pas arrêter les pourparlers» malgré ses «divergences» avec Abbas qui le considère comme allant à l'encontre des efforts déployés par l'administration américaine, le Quartette et la communauté internationale. Il a, dit le président palestinien, «détruit avec ses bulldozers le processus de paix». Retour à la case départ ? Pas sûr. «Il y a des alternatives aux négociations que nous annoncerons bientôt», annonce l'OLP. Certains croient savoir que les Palestiniens pourraient solliciter l'appui des pays arabes et de la communauté internationale pour porter l'affaire des colonies devant le Conseil de sécurité. D'autres pensent que les Palestiniens pourraient reprendre les négociations pour poser la question des frontières d'un futur Etat. Selon l'émissaire américain, Abbas et Netanyahu ont accepté le maintien d'un dialogue indirect sur les moyens de sortir cette crise de colonies qui menace les négociations de paix le temps qu'il trouve une solution à leurs différends. Un «oui» au dialogue du Premier ministre israélien douteux. Netanyahu qui évoque le poids de ses alliés au gouvernement pour expliquer sa politique coloniale fait croire qu'il aura du mal à en former un autre dans lequel le Parti travailliste, qui semble en faveur des pourparlers de paix, pourrait siéger. Décodé, le Premier ministre israélien ne cherche pas un accord de paix mais pousser Abbas qui a menacé de démissionner si les négociations directes échouent de faire place à Hamas pour justifier son arrogance et Obama qui a osé le critiquer vers un échec des démocrates aux élections de mi-mandat en novembre.