Khartoum sera deux fois au menu du Conseil de sécurité ce mois-ci. Les Quinze renouvèleront le 14 le mandat du Groupe d'experts chargé des sanctions contre le Soudan après un rapport d'une mission d'ambassadeurs qui se rendra aujourd'hui au pays d'El Béchir. Khartoum sera de nouveau au programme le 25 octobre. Les Quinze entendront un exposé sur la situation des deux missions, celle des Nations unies au Soudan et de l'Opération hybride Nations unies-Union africaine au Darfour. Les représentants des pays membres du Conseil de sécurité qui seront aujourd'hui au pays d'Omar El Béchir s'assignent un objectif à leur visite en trois étapes (Juba, Khartoum et Darfour) : «Soutenir les efforts pour la promotion de la paix» du Soudan qui prépare la tenue le 9 janvier prochain de deux référendums dans le Sud et dans la région pétrolifère d'Abyei qui aboutiront, probablement, à leur indépendance du Nord. Les Quinze qui n'excluent pas l'éclatement d'un nouveau conflit en cas de déclaration unilatérale d'indépendance du Sud, veulent constater sur pièces l'état d'avancement des préparatifs de ce double scrutin. «Nous voulons encourager le Nord et le Sud à faire tout leur possible pour organiser les référendums en temps voulu et faire en sorte que la transition sera pacifique si le Sud décide de la partition», disent-ils. Selon l'Ougandais Ruhakana Rugunda, le président en exercice du Conseil de sécurité, la délégation rencontrera les plus hauts responsables, à l'exception du président Omar el-Béchir. Selon Khartoum, le rais n'a pas émis le vœu de les recevoir parce qu'il ne sera pas au pays. Selon New York, les Quinze- même s'il n'y a pas un consensus sur les charges qui pèsent sur M. el-Béchir qui est recherché par la Cour pénale internationale pour crimes de guerre au Darfour- n'ont pas demandé à le voir. «Nous accueillons favorablement la visite du Conseil qui permettra aux membres de continuer le dialogue et de prendre acte des faits qui fondent la position du gouvernement», déclare Ali Osmane Taha, le vice-président soudanais qui réitère les conditions de Khartoum pour reconnaître les résultats de ces deux scrutins. Parmi ces conditions, un accord politique au préalable sur la démarcation effective des frontières d'Abyei et la participation d'une tribu nomade arabe nordiste. Les Misseriya qui n'ont pas été mentionnés dans la loi sur le référendum d'Abyei, approuvée par le Parlement soudanais en décembre 2009, menacent de commettre des actes de violence s'ils n'obtenaient pas le droit de vote. Une réunion du Parti du congrès national (au pouvoir à Khartoum) avec le Mouvement populaire de libération du Soudan (ex-rebelles) consacrée à leurs différends sur la question d'Abyei et leurs engagements contenus dans l'Accord de paix globale s'est ouverte à Addis-Abeba lundi dernier. Selon El Béchir qui a promis de n'expulser aucun citoyen du Sud quel que soit le résultat du scrutin, a contrario de l'armée soudanaise qui a achevé son déploiement conformément aux accords de sécurité, celle des rebelles n'a réalisé que 40%. Elle ne peut, dit-il, ni assurer « la protection et la liberté pour les supporteurs de l'Unité dans le Sud» et ni «organiser un référendum libre, juste et transparent». L'opposition soudanaise et la Ligue arabe qui semblent découvrir les effets de ce double référendum qualifié de «bombe à retardement» pour la région par Hillary Clinton, suggèrent à El Béchir la création d'un comité des sages pour résoudre les différends opposant le Nord et le Sud. «Il n'est pas question pour le Sud de tenir un référendum sans Abyei», leur rétorque le ministre sud-soudanais des Affaires intérieures Gier Chuang appelant comme Salva Kiir, son président, à ne pas voter pour l'unité en janvier «car rien n'a été fait pour me rendre l'unité attrayante».