Le terme est peut-être absent des débats, mais sa présence ne fait pas l'ombre d'un doute. C'est un ultimatum en règle que l'ONU avait adressé le 30 juillet dernier au Soudan et celui-ci expire aujourd'hui. Un mois et pas un jour de plus avait été accordé aux autorités soudanaises pour se débarrasser de certaines accusations, entre autres, de génocide dans la province du Darfour, ce qui est récusé par Khartoum et des organisations comme la Ligue des Etats arabes dont le Soudan est membre, mais le risque de catastrophe humanitaire est quant à lui bien réel. Et c'est contre ce dernier que l'ONU s'était manifestée au printemps dernier déjà, n'attendant pas les réactions de gouvernements occidentaux, comme celui des Etats-Unis qui ont décidé de saisir les instances internationales avec toute une machine qui se veut persuasive. Et dans le cas présent, des sanctions pourraient être envisagées contre le gouvernement soudanais objet de lourdes et graves accusations. Selon des rapports concordants, il a mis sur pied des milices qui massacrent les populations locales ou ne laissent à ces dernières que le seul choix de l'exode avec ce que tout cela implique comme conséquence. Les organisations humanitaires parlent de plus d'un million de personnes déplacées, une calamité dans cette région où les populations déplacées en raison des guerres justement se comptent par millions. Et il en meurt par centaines de milliers faute de prise en charge suffisante, ce qui ramène à la question des pays donateurs. Mais la question du Darfour semble traitée sous l'angle de l'urgence avec des négociations qui piétinent il est vrai, et le déploiement d'une force africaine, en attendant un règlement durable. En effet, quelque 155 hommes de l'infanterie nigériane ont quitté Abuja hier pour se rendre au Darfour dans le cadre de la mission de paix de l'Union africaine dans cette région de l'ouest du Soudan déchirée par un conflit depuis février 2003. Ces troupes nigérianes seront initialement déployées dans la ville d'El Facher (Darfour Nord) dans le cadre de l'opération Sauver des vies II où elles rejoindront un contingent rwandais. Sa mission est de protéger 133 observateurs militaires non armés dont le rôle est de surveiller le fragile cessez-le-feu issu de l'accord du 9 avril entre les groupes rebelles et les forces progouvernementales au Darfour. Le Nigeria et des responsables de l'UA ont appelé le Soudan à permettre le déploiement de troupes supplémentaires jusqu'à 3000 hommes au total qui posséderaient un mandat plus large comprenant notamment la protection des civils et des opérations humanitaires. Mais le gouvernement soudanais résiste à ces appels. « La protection (des civils) au Darfour relève avant tout de la responsabilité du Soudan et d'aucune autre entité », a déclaré dimanche le chef de la délégation de Khartoum aux pourparlers de l'UA. Le conflit qui déchire depuis février 2003 : cette région désertique du Soudan peuplé en majorité de population noire africaine, a fait quelque 30 000 morts, selon l'ONU, en majorité des civils tués lors de raids des milices Djandjawids progouvernementales, et 1,4 million de déplacés ou réfugiés, selon les Nations unies. Le 30 juillet dernier, le Conseil de sécurité avait donné 30 jours au Soudan, pour désarmer les milices et régler la crise humanitaire au Darfour. Cet ultimatum expire aujourd'hui, et la suite dépend en grande partie du rapport de la situation qu'en fera le secrétaire général de l'ONU qui s'était rendu dans la région au début de l'été. Khartoum ne croit pas aux sanctions et fait preuve de souplesse. Des noms de miliciens accusés de crimes ont été même donnés aux organisations internationales, ce qui est un signe d'ouverture sans que cela signifie un total lâchage des milices. Un récent rapport d'une organisation internationale a fait état de l'existence de camps de miliciens ouverts après l'ultimatum de l'ONU, et au moins deux d'entre eux seraient partagés avec l'armée gouvernementale. Une accusation d'une extrême gravité si elle venait à se confirmer. En tout état de cause, le débat s'annonce serré et des sanctions internationales relèvent toujours du domaine du possible.