Le syndicat interpelle le ministre de l'Education afin de mettre l'accent sur la formation périodique et obligatoire des enseignants et la révision du système d'évaluation. La question de la surcharge des classes demeure également la préoccupation des syndicalistes. Une large consultation sur le système éducatif est prévue du 3 février au 11 avril prochains. Le ministre a précisé, lors de son passage devant la commission de l'éducation de l'APN lundi qu'il est question de modifier et non pas de toucher au fondement de la réforme du système éducatif. Questionné à ce sujet, Idir Achour, porte-parole du Conseil des lycées d'Algérie (CLA), a déclaré que ce débat est «la réforme de la réforme». Et de préciser : «Quand on dit modifier, cela veut dire réformer.» Ce syndicaliste avoue qu'«il ne détient aucune information sur les modalités de l'organisation de ce débat, mais souligne tout de même que les discussions commenceront d'abord au niveau des établissements et au niveau de chaque wilaya avant d'arriver à un débat national. Une réforme ou une simple révision des points négatifs soulevés avec insistance par les professionnels du secteur, l'annonce de ce débat est loin d'être salutaire par le CLA qui la considère comme une démarche pour gagner du temps». Cependant, Idir Achour conçoit ce débat en deux volets : un débat pédagogique qui aura pour objet de discussion chaque matière à part et qui sera animé par les pédagogues et des experts. Sur ce volet, le CLA rappelle qu'il a eu des rapports détaillés qui restent jusque-là sans écho. Un autre débat que le CLA appelle un débat de société qui portera sur la nature de l'école en tant qu'appareil idéologique d'Etat. En tant que syndicat, le CLA revendique l'allègement des contenus des programmes ainsi que l'emploi du temps des élèves. Contrairement au CLA, le Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest) se montre favorable à ces consultations. «Il faut que le ministre consulte les spécialistes, les experts, les syndicats et les parents d'élèves», exige Messaoud Boudiba, chargé de communication du Cnapest. Ce dernier estime que l'école algérienne a connu une régression significative, citant la violence, la tricherie et surtout l'exigence des élèves chaque année pour revoir le seuil des programmes. «C'est l'image de l'école qui est à réformer», s'alarme M. Boudiba. Ce syndicaliste réclame la révision des contenus des programmes ainsi que leur application. «Les programmes ont été mis en application sans consultation des enseignants et des syndicats», regrette le porte-parole du Cnapest. Pour les prochaines consultations, ce syndicat interpelle le ministre de l'Education afin de mettre l'accent sur la formation périodique et obligatoire des enseignants et la révision du système d'évaluation. «Le barème adopté aux examens accorde plus de notes aux questions simples qu'aux questions de synthèses et d'analyses. Ce qui fait de l'élève une sorte de robot», a mis en garde M. Boudiba. La question de la surcharge des classes demeure également la préoccupation des syndicats. Mais leur revendication commune reste l'approche par compétence que la plupart des enseignants contestent. Certains enseignants avouent qu'ils ne sont pas en mesure de l'appliquer. «Si après une dizaine d'années depuis le lancement de cette approche, l'enseignant n'arrive pas à l'appliquer, cela veut dire qu'il y a un vrai problème», explique Messaoud Boudiba. Et de poursuivre : «On n'a pas encore maîtrisé l'approche par objectif, on nous annonce une nouvelle approche qui est l'approche par compétence.» Le CLA appelle, pour sa part, à la révision de l'approche utilisée. Mais si l'on change d'approche tel que formulé par les syndicats et les enseignants, que restera-t-il de la réforme de Benbouzid ? La méthode d'enseignement, à savoir l'approche par les compétences, n'est-elle pas le critère qui détermine la réforme adoptée en Algérie depuis le début des années 2000 ?