La réflexion sur la réforme du système éducatif est engagée. Les syndicats, associés à cette entreprise, ont soutenu la nécessité d'une large consultation pour dégager la meilleure formule possible à même de mener à bon port le processus d'évaluation des réformes, 10 ans après leur mise en œuvre. Déterminés à rapporter leur pierre à l'édifice, les partenaires sociaux ont déjà couché sur leur agenda une brassée de propositions qu'ils jugent, chacun à sa manière, urgentes. Le Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest) a mis l'accent sur la nécessité de commencer par la formation des enseignants. Pour son chargé de communication, Messaoud Boudiba, il s'agit là d'un créneau « incontournable » pour le succès de la réforme des réformes. Et pour cause, « les enseignants arrivent à peine à maîtriser la nouvelle méthodologie adoptée dans l'enseignement à savoir, l'approche par compétence », rappelle-t-il. Pour lui, il ne faut surtout pas se précipiter en se limitant aux simples observations sur le contenu. Il faut, à ses dires, enclencher un débat sérieux et responsable. Chez le Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest), il y a une autre préoccupation : l'allégement des programmes que son SG, Meziane Meriane, juge inévitable. « Cet allégement se fera à travers la suppression de certaines matières, comme la physique pour les élèves de l'enseignement primaire », préconise-t-il. « On veut former des génies dès le cycle primaire. Or, la collecte des connaissances se fait tout au long du processus scolaire », observe-t-il. Pour les élèves de l'enseignement scientifique et technique, l'élimination de certaines matières, à l'image de l'éducation islamique, de l'histoire-géo, devient inéluctable, selon M. Meriane, qui précise qu'il est temps de tirer l'école des considérations idéologiques. Toutefois, la réduction des programmes ne doit pas se faire, à ses dires, d'une manière « hasardeuse ». Il faut définir, d'abord, les « objectifs pédagogiques » pour déterminer la nature du programme qu'on veut enseigner. Pour en finir définitivement avec l'« encombrement » des matières, le Snapest est favorable à la spécialisation des élèves. Un leitmotiv : l'allègement des programmes Le chargé de la communication du Syndicat national des travailleurs de l'éducation (SNTE), Abdelkrim Aït Hamouda, abonde dans le même sens. Il soutient la nécessité d'alléger le programme à travers la suppression de matières ainsi que la réduction du volume horaire. Aussi, recommande-t-il l'établissement d'un emploi du temps qui s'étalera sur 4 heures d'enseignement le matin et consacrera l'après-midi aux activités culturelles et sportives. « Les élèves ont plus d'aptitudes pour assimiler les cours le matin alors que l'après-midi, ils perdent 70% de leurs facultés d'assimilation », argue-t-il. M. Aït Hamouda propose, en outre, la limitation des matières, notamment dans le cycle primaire où il faut se concentre sur l'enseignement des langues ainsi que les filières scientifiques. « On ne peut pas demander à l'enfant à ce niveau d'apprendre l'histoire, la géographie ou réciter les sourates, mais juste savoir lire et calculer », fait-il savoir, non sans préciser que « l'éducation islamique est devenue un tabou dans notre société ». Toujours dans le volet pédagogique, le SNTE plaide pour la formation des formateurs et la spécialisation des enseignants dans la matière qu'ils enseignent. De son côté, le Conseil des lycées d'Algérie (CLA) a mis en place une commission composée d'experts et de pédagogues, qui sera chargée d'établir, d'ici le 1er mars prochain, les propositions du Syndicat sur la question des réformes. Cela dit, son SG, Achour Idir, défend l'idée de réduire le volume horaire actuel qui est de 36 heures par semaine pour le ramener à 30 heures. Cette démarche permettra, selon lui, une meilleure assimilation des cours aux élèves, qui arrivent à peine à suivre le rythme scolaire en vigueur. Autre proposition, l'allégement du programme qui passe impérativement par l'élimination de quelques matières pour certaines filières. Il évoque, à titre d'exemple, l'histoire-géo, la philosophie pour les élèves scientifiques, la physique pour ceux de la filière lettres et sciences humaines. Pour lui, c'est là, la meilleure manière d'arriver à créer une adéquation parfaite entre le programme scolaire et le volume horaire.