Retard dans le diagnostic, manque de médicaments, déficit en lits…Tels sont, entre autres, problèmes dont souffrent les malades atteints de lymphome, une forme de cancer qui atteint les ganglions. Ce constat a été fait hier à Alger par les médecins et cancérologues lors de la célébration de la journée mondiale de lutte contre le lymphome. L'objectif de cette journée, selon Mme Samia Gasmi, présidente de l'association Nour Doha, est de faire savoir que c'est une maladie qui doit être diagnostiquée très tôt par une équipe pluridisciplinaire. « Justement c'est ce qui manque dans notre médecine », affirme le Pr Nadjia Boudjerra, hématologue au niveau du Centre Pierre et Marie Curie (CPMC) et coordinatrice du groupe d'étude algérien des lymphomes. « Il y a un retard de diagnostic du lymphome faute d'équipes pluridisciplinaires dont la mise en place tarde », précise-t-elle. « Les lymphomes sont traités au niveau des services hématologie mais un médecin ORL peut diagnostiquer un ganglion cervicale lorsqu'il traite une otite », souligne le professeur. Concernant la prise en charge des malades, il indique qu'au niveau du CPMC, il y a un seul lit pour 4 à 5 malades. C'est pour cette raison que cette professionnelle de la santé exhorte les autorités à ouvrir d'autres services d'hématologie au même titre que les centres anticancer. En outre, elle relève une rupture de stock des médicaments propres aux cancéreux « même si en ce moment tous les médicaments de base sont disponibles au niveau du CPMC ». A propos d'incidence du cancer du lymphome, le Pr Boudjerra souligne qu'elle est de 0,5% par an pour une partie des lymphomes ganglionnaires de l'adulte, mais rappelle que l'incidence du lymphome tout court est beaucoup plus importante que les autres formes de cancers. Pour le docteur Khira Bendissari, du service anapath du CHU de Beni Messous, il y a tous les moyens pour prévenir le cancer en Algérie, mais le malade tarde pour avoir un rendez-vous, et par conséquent, il faut une prise en charge multidisciplinaire à chaque étape et chaque spécialiste doit faire son travail convenablement « car le cancer n'attend pas ». Toutefois le Dr Khalida Mekhlef, assistante au service anapath de Beni Messous a souligné que la prise en charge des cancéreux s'est nettement améliorée ces dernières années puisque que le traitement est totalement pris en charge par la Sécurité sociale. A propos des statistiques du cancer du lymphome, elle indique que le CHU de Beni Messous enregistre, chaque année, 15 cas de lymphome sévère.