Des médecins, scandalisés par le laisser-aller qui touche le secteur de la santé, se sont succédé lundi dernier pour dénoncer l'absence flagrante de structures de prise en charge des malades atteints de lymphomes, forme de cancer du sang, fortement répandus en Algérie. La célébration pour la première fois en Algérie de la journée du lymphome, à l'initiative de l'association Nour Doha, a été l'occasion de tirer la sonnette d'alarme sur la situation des enfants atteints de lymphome, qui peuvent être guéris mais qui, faute de moyens, de structures et de traitements adéquats, meurent dans les hôpitaux algériens. Intervenant tour à tour, le professeur Boudjerra du CPMC, les docteurs Tidadini, Saïdi, hématologue au CPMC, et Bouterfas, pédiatre au CHU de Beni Messous, et la présidente de Nour Doha, Mme Gasmi, sont montés au créneau pour parler d'une maladie du sang et des ganglions peu connue, difficile à dépister et qui peut toucher tout le monde et à tout âge. Chez l'enfant, les lymphomes occupent la première place parmi les cancers. En revanche, ceux de l'adulte arrivent en 6ème position après les cancers du sein, du col, du col- rectum et de la vessie. «Nous n'avons pas le droit de perdre des enfants atteints de lymphomes car c'est une maladie qui se soigne. Or ils meurent en Algérie en cours de traitement à cause d'infections et d'hémorragies. Il est scandaleux de voir que nos hôpitaux ne disposent pas de services adéquats ni de moyens», s'indigne le docteur Saïdi. «Nous avons des ruptures de stocks de médicaments répétées», se révoltent les intervenants. En ce moment, le CHU de Beni Messous connaît, entre autres, une pénurie de drogue de base, le cyclophosphamid. Le docteur Drabzi du CPMC ne retient pas sa colère lorsqu'elle évoque le manque criant de lits, ajoutant que la morphine n'est même pas disponible pour traiter les malades cancéreux. Par ailleurs, la réalisation d'études multicentriques pour s'assurer de la fiabilité des diagnostics figure parmi les recommandations de l'étude rétrospective menée par le Dr Boudjerra, coordinatrice nationale du Groupe d'études algérien des lymphomes. Une étude qu'elle a menée entre 1993 et 2003 sur 1 713 patients issus de 13 centres hospitaliers répartis à travers le territoire national fait ressortir que les pics de fréquence de cette maladie concerne les sujets âgés de 16 à 35 ans et de 60 à 69 ans. De prédominance masculine, elle atteint généralement les agriculteurs à cause des herbicides et des insecticides mais aussi les commerçants tels que les coiffeurs et coiffeuses qui utilisent les teintures. 60% des patients atteints du lymphome sont admis aux hôpitaux à un stade avancé de la maladie.L'intervenante considère que l'intervalle entre l'apparition de la pathologie et son diagnostic est très long en Algérie. Il est de 40 mois. A. B.