La production algérienne de viandes reste toujours en deçà des besoins des consommateurs. Avec seulement 600.00 tonnes de viandes rouges et blanches, la production locale n'arrive toujours pas à satisfaire une demande estimée à un million de tonnes par an. Devant ce déficit et à l'approche du mois de ramadan marqué par une hausse de la consommation estimée entre 80.000 et 90.000 tonnes, l'Etat a décidé d'importer 30.000 tonnes de viande rouge du Brésil et de l'Inde. Cette mesure est, pour le porte-parole de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), Hadj Tahar Boulenouar, salutaire. « Des bouchers véreux vendent la viande congelée comme étant fraîche et le but du gouvernement est d'approvisionner suffisamment le marché tout en assurant un prix concurrentiel », dira-t-il. Il lancera un appel au gouvernement « pour qu'il se libère des pressions exercées par des groupes d'importateurs de produits y compris de médicaments ». Boulenouar commentera, au cours de la conférence de presse qu'il a conjointement animée, hier, avec Akli Missoumi, ingénieur agronome, expert en développement agricole, les chiffres annoncés par des institutions relatifs à la production de viandes. « Elle ne peut atteindre les 410.000 tonnes car les facteurs contribuant à cette production sont restés les mêmes et aucun changement n'a été opéré sur le nombre du cheptel, le nombre d'abattoirs et l'importation est toujours là » a-t-il soutenu. Pour assurer une amélioration de la production des viandes, il est nécessaire d'augmenter le nombre du cheptel, de mettre en place une quarantaine d'abattoirs selon les normes à travers le territoire national. L'intervenant fera remarquer que, pour l'heure, « les abattoirs sont exigus et ne répondent pas aux normes exigées pour un abattage sain d'où la prolifération des abatages clandestins dont le risque sur la santé du consommateur n'est plus à démontrer ». Pour Akli Missoumi, la nécessité de prendre en charge la filière viande étroitement liée à celle du lait s'impose davantage avec notamment l'apparition d'un parasite à l'origine de la mort de plus de 20.000 poulets à Bordj Bou-Arréridj et 200.000 poulettes à Aïn Dheb. Ce parasite apparu à l'est du pays (Sétif, Bordj Bou-Arréridj, Skikda et Tébessa) menace la production nationale de viande blanche. Le risque est réel de voir le prix des œufs augmenter dans les jours à venir. Revenant sur les raisons de la faible production nationale de viandes, Akli Missoumi évoquera « le dépeuplement des étables, la cherté des consultations vétérinaires qui oscillent entre 50.000 et 60.000 DA et le fort coût de la dose s'insémination artificielle dont le prix se situe autour de 8.000 DA ». Les deux intervenants sont unanimes : la régulation du marché des viandes est tributaire de l'encouragement de la production nationale. Celle-ci est conditionnée à son tour par l'augmentation du cheptel, la réactivation de la recherche, la création d'espaces d'abattage et d'un réseau de distribution.