Selon la cartographie que le CRAAG est en train d'élaborer, l'ensemble des séismes se produit dans la région Nord de la partie marine à la partie continentale jusqu'à la plateforme saharienne. «La partie côtière tellienne est plus exposée par rapport à la partie des Hauts Plateaux ou l'Atlas saharien». Intervenant, hier, lors de la journée d'étude sur la révision des règles parasismiques dans le domaine de la construction, le directeur du Centre de recherche en astronomie astrophysique et géophysique, le Docteur Abdelkrim Yelles, explique que le nord algérien est frappé régulièrement par des séismes parfois importants mais souvent modérés à faibles. «C'est un phénomène qui se produit de façon continue puisque nous enregistrons 60 à 80 micro secousses par mois, soit une moyenne de 2 par jour. La plupart ne sont pas ressenties par la population», a-t-il souligné. Par ailleurs, les séismes modérés à fort génèrent bien souvent des catastrophes -comme ceux d'El Asnam 1980 et Boumerdes 2003- difficiles à surmonter car notre pays, à l'instar de beaucoup d'autres, reste encore mal préparé pour affronter de tels cataclysmes. Dr Yelles a ajouté qu'avant le séisme de Chlef (El Asnam), peu de choses étaient connues de la sismicité algérienne et que les leçons données par ce séisme furent multiples et eurent un impact important. On a par exemple compris que de violents séismes pouvaient se produire en Algérie du nord, que cette région subissait le rapprochement de la plaque européenne, qu'il fallait renforcer la surveillance sismique du territoire, qu'il fallait se munir de normes de construction parasismiques et qu'il fallait à tout prix se doter d'un plan de réduction du risque. «Aujourd'hui, grâce au réseau de surveillance sismique nationale ainsi que tous les travaux scientifiques qui ont été réalisés ou qui sont actuellement en cours, beaucoup d'effort reste à faire, des réponses à plusieurs interrogations concernant les caractéristiques de la sismicité peuvent être apportées», fait savoir M. Yelles. Il affirme notamment que depuis le lancement du Plan national de réduction du risque sismique en 1985, le CRAAG s'est attelé et s'attelle toujours à mener plusieurs actions importantes contribuant grandement à la réduction du risque. Selon lui, le Réseau de surveillance sismique réalise aujourd'hui une écoute continue de la sismicité de notre pays. Cette surveillance permet d'éditer un bulletin quotidien, mensuel, semestriel et annuel de la sismicité. Ces documents servent ensuite à la réalisation des catalogues de sismicité. Ainsi, de nombreuses études ont été entreprises. Elles ont permis de caractériser la sismicité (fréquence, intensité), élaborer les cartes de sismicité du pays, élaborer la carte sismotectonique de l'Algérie du Nord et les cartes d'Aléas de l'Algérie du Nord. « Ces cartes sont importantes à l'élaboration du code parasismique et devront servir à un meilleur aménagement du territoire», souligne le sismologue. D'autre part, le séisme de 2003 a eu lui aussi son impact sur la réduction du risque. «La promulgation de la loi sur les risques majeurs en 2004 ainsi que la mise en œuvre de la stratégie nationale pour la réduction des risques majeurs liée à cette loi permettra sans nul doute de dynamiser davantage les actions et le rôle du CRAAG», dit le directeur du CRAAG. Par ailleurs, lors de son intervention dans la matinée sur les ondes de la chaîne III, il a affirmé que l'habitat précaire est le plus vulnérable aux séismes et qu'il faut donc l'«éradiquer car cela participe à la réduction du risque». En outre, le Dr Yelles a insisté sur la sensibilisation dans les milieux éducatifs.