A moins de quinze jours du deuxième tour de l'élection présidentielle qui mettrait fin à un demi-siècle de régime autocratique, le président de la transition, le général Sékouba Konaté, propose aux deux postulants à la magistrature suprême, Alpha Condé et Cellou Dalein Diallo, la formation d'un gouvernement d'union nationale. Cette proposition ne définit pas les contours de ce gouvernement « envisageable ». La suggestion du militaire n'intéresse pas Cellou Dalein Diallo qui suggère l'instauration d'un gouvernement de large ouverture. Konaté exhorte les deux postulants à œuvrer à la réussite du scrutin prévu le 24 octobre prochain en sensibilisant leurs militants et prenant eux-mêmes leur responsabilité historique. A l'approche du jour J, la situation se corse. Au moment où les autorités et les deux candidats tentent vaille que vaille d'engager des discussions, la tension est montée d'un cran. Des affrontements entre les partisans des deux prétendants à la présidence ont fait une victime et plusieurs blessés à Conakry. Les autorités ont pris la décision d'interdire toute manifestation et de suspendre la campagne électorale. Autant cette mesure paraît indispensable pour la paix la stabilité du pays, autant elle risque de provoquer l'ire des candidats qui s'estimeront éloignés de la base militante de leurs partis respectifs. Le Premier ministre a rencontré, séparément, les deux candidats, mais aucune décision n'a été annoncée au terme de la rencontre. Ce qui laisse supposer qu'elle n'a pas atteint l'objectif escompté. Le vice-recteur l'université de Sofonia de Conakry, Alpha Amadou, qui appelle la communauté internationale à prendre ses responsabilités, qualifie la situation qui prévaut en Guinée de «grave». La condamnation de deux hauts responsables de la commission électorale à un an de prison pour fraude durant le premier tour de l'élection serait la goutte qui aurait fait déborder le vase. Alpha Condé et Cellou Dalein Diallo devaient rencontrer, hier, Tibou Camara, secrétaire général à la présidence pour évoquer la préparation du second tour et les dissensions au sein de la commission électorale nationale indépendante.