Le représentant spécial de l'ONU en Somalie, Nick Kay, en est convaincu : la volonté des Shebabs djihadistes somaliens de mener des attaques hors de la Somalie est plus forte qu'avant. « Cette organisation a un ordre du jour régional, et ses hauts responsables considèrent qu'ils poursuivent des objectifs dépassant le simple ordre du jour national somalien », a-t-il déclaré lors d'une visite dans la capitale kenyane. Pour y faire face, le responsable onusien estime que les pays de la région, avec le soutien de la communauté internationale, devraient être beaucoup plus unis dans leur approche notamment en matière de partage des informations et de contrôle des frontières. Une approche qui s'inscrit en droit ligne du discours que le SG de l'ONU, Ban Ki-moon, avait prononcé jeudi dernier, à Malabo en Guinée équatoriale lors du sommet de l'Union africaine, où il avait plaidé pour une stratégie africaine de lutte antiterroriste. A l'issue d'un entretien, samedi, avec le chef d'Etat kenyan, Uhuru Kenyatta, Ban a réaffirmé la détermination de l'ONU à aider le gouvernement kenyan et « des pays africains » visés par le terrorisme international. Sur le terrain, l'organisation djihadiste multiplie les attaques contre des pays fournissant des troupes à la force de l'Union africaine (Amisom), soutenue par l'ONU, qui les combat depuis 2007. Hier, ils ont menacé d'intensifier leurs attaques pendant le Ramadan. « Les attaques vont s'amplifier et les explosions se poursuivre, Mogadiscio va rester une ligne de front et pire que jamais », a déclaré Cheikh Ali Mohamed Hussein, chef des opérations shebab à Mogadiscio. Une menace que les autorités somaliennes prennent au sérieux en mobilisant les troupes armées notamment dans la capitale. Dans un message télévisé à la population à l'occasion du mois sacré, le président somalien Hassa Cheikh Mohamud a assuré que le gouvernement avait pris toutes les mesures pour contrer la menace des Shebabs. « Nous avons conçu un plan nommé, Rompez le jeûne en paix, pour prévenir la violence, nous savons que des éléments violents prévoient d'empêcher les gens de pratiquer leur religion mais nous allons les contrer avec force, afin que la population puisse remplir ses obligations religieuses en paix », a affirmé le chef de l'Etat. Néanmoins, en dépit de la menace qu'elle représente pour les pays de la région, la Somalie reste « la base des Shebab, où ils ont leurs fiefs », selon Kay.