Coup de théâtre à Djeddah. Vingt-quatre heures après la visite surprise de John Kerry au royaume pour évoquer la crise irakienne et la menace que représentent les jihadistes « pour tous les pays de la région », le roi Abdallah annonce deux grandes décisions. Une, le limogeage du prince Khaled ben Bandar ben Abdelaziz qu'il a nommé vice-ministre de la Défense le 14 mai dernier et la déclaration d'une guerre totale contre l'extrémisme religieux, en allusion aux jihadistes, notamment en Irak, un pays menacé d'implosion et avec lequel le royaume partage une frontière longue de 814 km. Selon l'agence officielle de presse SPA, citant un décret royal, le limogeage précipité de Bandar a été décidé à la demande du ministre de la Défense, le prince héritier Salman Ben Abdel Aziz. Les motivations exactes ? Le décret ne es précise pas, comme il ne souffle mot sur le successeur de l'ancien responsable saoudien des services de renseignements. Selon certains spécialistes du royaume wahabite, ses positions seraient contestées dans deux dossiers : la Syrie et l'Iran, et que son activisme dans ces deux pays pourrait être dommageable pour la politique saoudienne. Autre conséquence de ce remerciement : Djeddah invite Baghdad à faire place aux représentants de la communauté sunnite dans le nouveau gouvernement élargi pour mieux combattre l'Etat islamique en Irak et au Levant. Jeudi dernier, le souverain saoudien a ordonné aux autorités, au terme d'une réunion du Conseil de sécurité nationale, « de prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger la sécurité du royaume » des « menaces terroristes » potentielles résultant des troubles en Irak, où l'Etat islamique en Irak et au Levant défie, depuis le 9 juin, le gouvernement de Nour Al Maliki et aspire à établir un califat islamique à cheval sur l'Irak et la Syrie où il très actif aussi. Samedi dernier, dans une allocution à l'occasion du Ramadhan, le roi s'est engagé à écraser les islamistes armés qui menacent le pays. « L'Islam est une religion d'unité, de fraternité et d'entraide » a-t-il dit. « Or, nous voyons de nos jours que certains, leurrés par de faux appels, font la confusion entre réforme et terrorisme ». « Leur objectif est de semer la désunion entre les musulmans. Nous ne laisserons pas une bande de terroristes ayant fait de la religion un déguisement de leurs intérêts privés toucher notre patrie ni aucun de ses fils ou résidents sous notre protection », prévient le roi Abdallah. « Nous continuons, avec l'aide de Dieu, à affronter et à combattre ce fléau et, avec notre détermination et la coopération de tous les enfants de la nation, nous l'écraserons. » L'Arabie saoudite a été la cible d'une campagne d'attentats à la bombe et d'attaques menées par al-Qaïda en 2003-2004.