Un pauvre marabout, Sidi Ali Zouaoui, arriva devant la porte d'un vieux raïs et lui demanda un asile pour la nuit. Le saint ouali fut reçu pour la nuit, mais le lendemain, après son départ, on s'aperçut que le bracelet d'or de la jeune fille de la maison avait disparu. Le vieux raïs ne manqua pas de penser que l'hôte de la nuit était l'auteur de ce vol. Vite, les gens de la maison coururent sur la route qu'avait prise le marabout et le saint homme ne tarda pas à être rejoint et ramené à la ville. Chien maudit ! Lui cria le raïs. Tu m'as volé le bracelet d'or de ma fille ! Le bracelet d'or de ta fille ! Tu veux te moquer d'un pauvre diable ! Tais-toi, fils de vipère ! Tu n'es qu'un infâme voleur. Cherche alors et vois si j'ai ce bracelet. Tu l'as caché en route ou bien tu l'as vendu. Suis-moi chez le cadi ! Le pauvre homme dut, bon gré mal gré, se rendre chez le juge. Cet homme m'a volé un bracelet d'or lorsque je venais de lui accorder une généreuse hospitalité. Je demande qu'on lui coupe le poing. Mais, Cadi, je ne suis point coupable ! Tais-toi, menteur. Qu'on te prenne et qu'on te pende à la potence la plus haute. Sidi Ali Zouaoui fut entraîné par la foule et pendu, malgré ses dénégations, hors des murailles de la ville. Son corps resta suspendu à la potence. La nuit venue, les portiers chargés de fermer les portes de la ville allaient criant : N'y a-t-il personne en dehors des murs ? Lorsqu'une voix retentit solennelle dans le silence de la nuit : Il n'est, il n'est qu'un brave homme, un brave homme mis au gibet. Les portiers effrayés coururent prévenir l'agha. Le pauvre homme qu'on a pendu aujourd'hui, vient de se montrer en nous criant : « Il n'est, il n'est qu'un brave homme, un brave homme mis au gibet. » L'agha courut à la porte et entendit la voix disant : « Cherchez dans la cruche du raïs, vous y trouverez le bracelet d'or. » On courut chez le raïs, et au fond de la cruche on trouva le bracelet que la fille y avait laissé tomber par mégarde. On dépendit le saint et un tombeau lui fut élevé auprès d'une fontaine qui, dèssjusqu'à une époque récente, il jouissait du privilège de guérir des maladies des yeux. (Légende populaire à Alger de A. CERTEUX MEMBRES DE LA SOCIETE HISTORIQUE ALGERIENNE)