Beaucoup de gens à Médine ont constaté les bienfaits de l'Islam, et se sont convertis. Pour mieux intégrer les immigrés, le Prophète (QSSSL) les unit par une sorte de contrat de fraternité, à un nombre égal de Médinois, parmi les plus riches les familles des deux frères contractuels travaillaient ensemble pour gagner leur vie, et s'entraidaient dans tous les domaines. Il décida ensuite que le développement total de l'homme serait mieux atteint, si l'on coordonnait la religion et la politique, comme deux éléments d'un seul tout. Il appela alors les représentants des musulmans, ainsi que ceux des non-musulmans de la région : Arabes, juifs, chrétiens et autres, leur suggéra la création d'une cité-Etat à Médine. D'accord avec eux, il la dota d'une constitution écrite, la première de ce genre, dans le monde, où l'on définit les devoirs et les droits des citoyens et du chef de l'Etat, et l'on choisit Mohamed (QSSSL) à l'unanimité comme tel ; on abolit la coutume de la justice privée, le soin en revenait dorénavant à l'organisme central de la communauté des citoyens toute entière : on précisa les principes de la défense et de la politique étrangère, on établit un système d'assurances sociales pour les responsabilités trop lourdes, et l'on confia à Mohamed (QSSSL) le dernier mot dans tous les litiges. Il n'y avait pas de limites à son pouvoir de législation. On reconnut explicitement la liberté religieuse, surtout pour les juifs, et l'acte constitutionnel leur accorda l'égalité avec les musulmans, en tout ce qui concerne la vie d'ici-bas. Après quoi, Mohamed (QSSSL) fit de nombreuses sorties, pour tâcher de rallier les tribus voisines et de conclure avec elles des traités d'alliance et d'entraide. Avec leur concours, il décida d'exercer une pression économique sur les païens de la Mecque, qui avaient confisqué les biens des musulmans émigrés et causé d'innombrables dommages. L'entrave au transit, dans la région médinoise, des caravanes commerciales de la Mecque, exaspéra les païens, et une lutte sanglante s'ensuivit. Au milieu des soucis que causait la défense des intérêts matériels de la communauté, l'aspect spirituel ne fut point oublié ; à peine un an après l'émigration à Médine, fut imposée la discipline spirituelle la plus rigoureuse : le jeûne annuel pendant tout le mois de Ramadhan devint obligatoire pour tous les musulmans adultes, hommes et femmes. Non contents de l'expulsion de leurs concitoyens musulmans, les Mecquois envoyèrent aux Médinois l'ultimatum de retirer toute protection à Mohamed (QSSSL) et à ses compagnons ou de les expulser ; évidemment sans succès. Quelques mois plus tard, en l'an 2 de l'Hégire, ils envoyèrent une puissante armée contre le Prophète (QSSSL). La rencontre eut lieu à Badr et les païens, trois fois plus nombreux que le groupe des musulmans conduits par le Prophète (QSSSL), furent mis en déroute. Au bout d'un an de préparatifs, les Mecquois envahirent Médine pour se venger de la défaite de Badr. L'ennemi était quatre fois plus nombreux que les musulmans. près une sanglante rencontre à Ouhoud, il se retira et rien ne fut décisif. Les mercenaires animés par les païens ne voulaient pas trop courir de risques. Entre-temps, les citoyens juifs de Médine commencèrent à avoir des soucis. à la victoire de Badr, un de leurs grands chefs, Ka'b ibn al-Achraf, s'était rendu à la Mecque pour montrer sa solidarité avec les païens, et pour les inciter à une guerre de revanche. Après la bataille d'Ouhoud, les juifs de sa tribu préparèrent un complot pour assassiner le Prophète (QSSSL). Ils l'invitèrent à venir chez eux, avec trois ou quatre de ses compagnons, disant qu'ils étaient tous disposés à embrasser l'Islam si le Prophète (QSSSL) parvenait à convaincre leurs rabbins lors d'une discussion des questions religieuses. Une arabe, qui était mariée à un juif de cette tribu, en fit part secrètement à son frère, et ainsi le complot fut déjoué. Le Prophète Mohamed (QSSSL) se contenta de demander aux membres de cette tribu de quitter la région médinoise, en emportant leurs biens. La clémence n'eut qu'un effet contraire : à partir de Khaibar, les expulsés se mirent en contact non seulement avec les Mecquois, mais aussi avec les tribus du nord, du sud et de l'est de Médine, achetèrent leur aide militaire, et organisèrent une attaque sur Médine, quatre fois plus puissante que celle d'Ouhoud. Les musulmans se préparèrent pour un siège, creusèrent un fossé et se défendirent contre l'épreuve la plus dure ; mais la défection des juifs restés dans la ville bouleversa toute la stratégie. Un habile diplomate parvint à désunir les coalisés, qui se retirèrent l'un après l'autre. Mohamed (QSSSL) essaya alors de se réconcilier avec les Mecquois, et se rendit à Houdaibiya, pas très loin de la Mecque. La coupure de leur chemin caravanier du nord avait ruiné leur économie. Il leur promit la sécurité du transit, l'extradition de leurs fugitifs qui se seraient rendus chez lui et toute autre condition qu'ils désirèrent. Il accepta même de rentrer à Médine, sans avoir pu faire le pèlerinage de la Kaâba. Les deux parties contractantes promirent à Houdaibiya non seulement la paix, mais aussi la neutralité dans les conflits avec les tiers.