Le torchon brûle de nouveau entre Baghdad et Erbil (capitale du Kurdistan irakien), sur fond de velléités sécessionnistes. Dans la foulée du conflit politique qui les oppose à l'Etat fédéral, les autorités kurdes ont vigoureusement réagi, jeudi, réclamant, pour la première fois, le départ du gouvernement du Premier-ministre Nouri al-Maliki. La raison ? Al-Maliki a accusé, mercredi, Erbil d'être devenue le « quartier général de l'Etat islamique de l'Irak et du Levant (EIIL) », l'organisation terroriste qui contrôle des régions dans le nord et l'ouest du pays. Dans son allocution télévisée hebdomadaire de mercredi, le Premier-ministre irakien a assuré qu'il ne resterait pas « silencieux devant un mouvement qui a tiré profit des circonstances pour gagner du terrain », en référence à la proposition du président du Kurdistan irakien, Massoud Barzani, d'organiser un référendum d'indépendance ainsi qu'à la prise de contrôle par ses forces de plusieurs territoires dont Kirkouk. De son côté, le ministère du Pétrole irakien a accusé, hier, ces dernières de s'être emparées de deux champs pétroliers près de cette ville multiethnique. « Maliki est devenu hystérique et a perdu l'équilibre », a réagi, dans un communiqué, la présidence kurde en exigeant des « excuses au peuple kurde ». « Le peuple kurde a mal quand il entend ça, car le Kurdistan a protégé Maliki quand celui-ci s'opposait à l'ancien régime et maintenant, il accuse ses anciens protecteurs », explique Safeen Dizayee, le porte-parole du gouvernement régional du Kurdistan (GRK). Les ministres kurdes ont, quant à eux, annoncé qu'ils suspendaient leur participation aux pourparlers pour la formation d'un nouveau gouvernement. Cette nouvelle crise n'est pas fortuite. Si elle témoigne de la détermination des Kurdes irakiens à faire sécession, elle met également en lumière la farouche opposition de Baghdad. De mèche avec le pouvoir central, les Kurdes irakiens revendiquent, néanmoins, des relations plus apaisées avec le voisin turc, en froid également avec Baghdad. Le Parlement turc a voté, jeudi, un projet de loi déposé par le gouvernement destiné à relancer le processus de paix entamé fin 2012 avec les rebelles kurdes en Turquie. Candidat à l'élection présidentielle d'août prochain (la première à être organisée au suffrage universel direct), le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan compte, ainsi, sur le soutien d'une partie de la minorité kurde, éstimé à environ 15 millions de personnes, soit 20% de la population turque. La nouvelle loi vise, notamment, à assurer la protection juridique des principaux responsables impliqués dans les négociations avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, interdit), considéré par la Turquie et une bonne partie de la communauté internationale comme une « organisation terroriste ». Le chef du PKK, Abdullah Ocalan, a qualifié cette initiative du gouvernement d'« événement historique ».