Le Conseil des ministres irakien présidé par le Premier ministre Nouri al-Maliki s'est exceptionnellement tenu hier à Erbil, la capitale du Kurdistan irakien, pour tenter d'apaiser les tensions entre Baghdad et la région autonome. Les deux entités, qui s'opposent sur une palette de dossiers allant des hydrocarbures à des différends territoriaux, ne sont parvenus à aucun accord, mais Massoud Barzani, le président de la région autonome, a qualifié la venue du gouvernement de «visite importante». Cela marque «un début pour résoudre tous les problèmes», a-t-il souligné au cours d'une conférence de presse commune avec M.Maliki à l'issue du conseil des ministres. «Nous n'avons pas de baguette magique pour résoudre tous les problèmes d'un seul coup», a déclaré M.Maliki.«Mais il faut avoir la volonté de les résoudre». Les relations entre le gouvernement de M. Maliki et les autorités du Kurdistan irakien, dans le nord du pays, sont notoirement exécrables. Baghdad enrage de voir Erbil signer des contrats avec des compagnies pétrolières étrangères en se passant de son accord et l'accuse d'exporter son pétrole vers la Turquie voisine de façon «illégale». Au chapitre territorial, le Kurdistan et le gouvernement de M.Maliki revendiquent tous deux une large bande de territoire riche en pétrole, qui comprend la ville de Kirkouk, où cohabitent Arabes, Kurdes et Turcomans. Selon des experts et des observateurs, ce dernier dossier représente la plus grande menace pour la stabilité de l'Irak à long terme. Il y a quelques jours, le ministère irakien de l'Intérieur a fermement exhorté les forces kurdes à se retirer de ces zones disputées. Les peshmergas kurdes y avaient remplacé les troupes irakiennes après une flambée de violences en avril. Selon Ali al-Moussaoui, le porte-parole de M.Maliki, le Conseil des ministres doit aussi se déplacer à Al-Anbar, une province majoritairement sunnite où les manifestations antigouvernementales se succèdent depuis fin décembre. M.Moussaoui n'a toutefois pas précisé la date de ce déplacement.