Des milliers de combattants peshmergas - la force locale au Kurdistan irakien - sont entrés, hier, à Kirkouk, une ville pétrolière revendiquée par le gouvernement central à Baghdad et la région autonome. Cette dernière dit avoir réagi à la création d'un quartier général de l'armée irakienne. « La mise en place du centre des opérations du Tigre à Kirkouk et Diyala est une mesure anticonstitutionnelle prise par le gouvernement irakien », a déclaré Massoud Barzani, le dirigeant du Kurdistan. « Les objectifs (...) et les actions entreprises par ce centre de commandement vont à l'encontre les intérêts du peuple kurde, du processus politique, de la coexistence et du processus de normalisation de la situation dans les régions » que se disputent Baghdad et le Kurdistan, a-t-il poursuivi. Le gouverneur de la province de Kirkouk, Najim al-Dine Omar Karim, un Kurde, a lui aussi réagi. « Je commande la commission (provinciale) de la sécurité, qui comprend la police, les services de renseignement, les Peshmergas et la 12e brigade de l'armée irakienne. La coopération est déjà en place. Nous n'avons pas besoin d'un nouveau centre de commandement », a-t-il assuré. En réponse, le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki, a enjoint les troupes kurdes à « s'abstenir de toute provocation » envers les forces de sécurité irakiennes. L'homme fort de l'Irak, qui a des relations tendues avec Ankara, s'est vu, hier, attaqué par le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan qui l'a accusé de vouloir provoquer une guerre civile dans son pays. « Le régime (irakien) veut conduire la situation vers une guerre civile (...) Nous avons toujours eu la crainte qu'il puisse provoquer une guerre interconfessionnelle. Nos craintes commencent en ce moment à se réaliser », a déclaré Erdogan manifestant son « inquiétude » quant à un possible « conflit pour le pétrole » en Irak. Baghdad, rappelons-le, a exclu, début du mois en cours, la compagnie pétrolière turque TPAO d'un important contrat d'exploration dans le sud du pays. Le gouvernement central a également officiellement protesté en août dernier contre la visite du ministre turc des Affaires étrangères, Ahmed Davutoglu, à Kirkouk sans toutefois prévenir le pouvoir central. L'autre dossier épineux entre les deux pays est celui du vice-président irakien sunnite, Tarek al-Hachémi, condamné à mort par contumace et que Ankara refuse d'extrader.