Après les avoir « laissés faire », notamment en Syrie, la communauté internationale et, plus particulièrement, les pays occidentaux, se disent, aujourd'hui, « consternés » par le sort tragique de la communauté chrétienne en Irak, notamment celle établie dans les régions sous contrôle de l'organisation terroriste l'Etat islamique (EI). Trop tard pour bien faire ? Tout porte à le croire puisque le groupe jihadiste ultra-radical, qui a pris en juin le contrôle de Mossoul, deuxième ville du pays, a lancé, vendredi dernier, un ultimatum donnant à la minorité chrétienne quelques heures pour quitter les lieux à défaut de « se convertir à l'islam, et payer une taxe spéciale ». Faute de quoi, ils seraient exécutés. La menace a été suivie d'un exode massif vers les régions alentour. « Les familles chrétiennes se sont installés à Dohouk et à Erbil dans la région autonome du Kurdistan irakien », a déclaré le patriarche chaldéen Louis Sako, déplorant que « pour la première fois dans l'histoire de l'Irak, Mossoul se vide de ses chrétiens ». Quelque 25.000 chrétiens seraient encore présents dans la ville, selon lui. Il aura, donc, fallu ce vaste mouvement d'exode pour que le monde pense à réagir. Sur un ton très ferme, les 15 pays membres du Conseil de sécurité de l'ONU ont, dans une déclaration unanime adoptée lundi soir, condamné ces persécutions « contre les minorités en Irak, notamment les chrétiens de Mossoul, qui refusent l'idéologie extrémiste de l'EI ». « Les attaques systématiques et à grande échelle contre des populations civiles en raison de leur origine ethnique ou religieuse ou de leur foi peuvent constituer un crime contre l'humanité pour lequel les responsables devront rendre des comptes », ont-ils souligné en saluant les efforts du gouvernement irakien et de l'ONU pour s'opposer aux « menaces terroristes » et pour « répondre aux besoins humanitaires urgents des personnes déplacées ». L'Organisation de la coopération islamique (OCI), qui représente 57 pays musulmans, a vivement réagi elle aussi. Elle a dénoncé ce « crime intolérable ». Son secrétaire général, le Saoudien Iyad Madani, a assuré que ces pratiques « n'ont rien à voir avec l'islam et ses principes de tolérance et coexistence ». Madani a indiqué que son organisation était « prête à apporter l'assistance humanitaire nécessaire aux personnes déplacées jusqu'à ce qu'elles soient en mesure de retourner dans leurs foyers ».