Cinq jours après, l'interrogation demeure sur toutes les lèvres : quels sont les facteurs à l'origine du crash du McDonnell Douglas MD-83 dans le désert du sud du Mali ? Après le choc de la nouvelle et des images d'un appareil entièrement désintégré, place à l'analyse sereine pour identifier les paramètres qui ont mené au drame auquel aucun des 118 passagers à bord, de 15 nationalités différentes, n'a survécu. Pour les familles des victimes d'abord et le monde de l'aviation civile ensuite, les éléments de réponse sont d'une importance cruciale. Pour aider à faire son deuil pour les uns et à méditer pour les autres la mésaventure afin de mieux s'outiller à l'avenir. C'est pour lever le voile sur le mystère du crash qui a décimé 118 personnes de 15 nationalités différentes qu'une pléthore d'équipes pluridisciplinaires s'affaire sur le site du drame, impliquant l'Algérie, le Mali et la France. Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a confirmé lundi que les trois pays travaillent en étroite collaboration dans le cadre de cette enquête. Celle-ci peut cependant « nécessiter un peu de temps », a-t-il précisé. Tant que des réponses ne seront pas établies, l'interrogation est donc d'actualité. Quels sont les facteurs possibles ? On le sait, les témoignages de spécialistes privilégient la thèse des perturbations atmosphériques. La thèse de l'attentat ou d'une attaque au missile ne résiste pas à l'analyse. La possibilité que l'avion se soit abîmé pour des raisons qui tenaient aux conditions météorologiques est la plus plausible, de l'avis même d'anciens pilotes qui ont l'habitude de parcourir la région où un front tropical concentre des vents contraires et forts. D'importants orages auraient donc une influence déterminante dans la conduite de l'avion. C'est d'autant vraisemblable que les relevés météo semblent confirmer des conditions très difficiles dans la zone. A-t-on perdu le contrôle de l'appareil en tentant de contourner les gros nuages ? Mais pour être définitivement fixé, tous s'en remettent aux boîtes noires, opportunément retrouvées. Ces précieuses boîtes, conçues pour résister à des chocs extrêmement violents ou à des feux intenses, précisément dans le but de comprendre l'origine des accidents et de remédier aux éventuels dysfonctionnements, enregistrent toutes les données d'un vol (altitude, cap, vitesse... y compris les conversations dans le cockpit). Grâce à elles, 90% des accidents peuvent être expliqués. Selon les sites spécialisés, ces outils, d'un poids de 7 à 10 kg chacun, sont en fait oranges avec des bandes blanches réfléchissantes afin de les retrouver plus facilement, les données qu'elles renferment sont protégées par une enceinte blindée qui assure leur protection en les préservant des grandes immersions (jusqu'à 6.000 m) ou d'exposition à très forte température (une heure à 1.100 °C). Un avion commercial possède réglementairement deux boîtes noires, appelées DFDR (Digital Flight Data Recorder) et CVR (Cockpit Voice Recorder). Le DFDR enregistre seconde par seconde tous les paramètres sur une durée de 25 heures de vol (vitesse, altitude, trajectoire, etc.). Le CVR, l'enregistreur de vol « phonique », comprend les conversations, mais aussi tous les sons et annonces entendus dans la cabine de pilotage. Le support de données des tout premiers enregistreurs de vol était du papier photographique protégé dans une enceinte noire, d'où l'appellation « boîte noire ». En tout état de cause, le travail technique consiste à recueillir le maximum d'informations sur l'avion et l'accident. Dans un deuxième temps, ils auront à plancher sur l'exploitation des enregistreurs et la collecte d'autres données, de contrôle aérien et les données météo. Le Premier ministre a indiqué que ces boîtes ont été remises par le ministre des Transports, Amar Ghoul, au Bureau d'étude et analyse (BEA) — l'un des 10 centres techniques au monde à être outillés pour ce genre d'opération— implanté à l'aéroport du Bourget, en France.