Bernardino Leon, un diplomate espagnol de 49 ans, est le nouveau chef de la Mission d'appui aux pays d'Afrique du Nord et envoyé spécial de l'Onu en Libye où les affrontements avec des roquettes et de l'artillerie entre les milices rivales qui ont éclaté le 13 juillet dernier, au sud de Tripoli, ont incité, mercredi dernier, les députés à adopter à une majorité écrasante (111 sur 124 présents), une résolution demandant une intervention militaire étrangère. L'ex-conseiller en politique étrangère de l'ancien Premier ministre José Luis Zapatero et représentant spécial de l'Union européenne pour la Libye et pour le sud de la Méditerranée remplacera le Libanais Tarek Mitri, dès le 1er septembre prochain. « Monsieur Leon apportera à ce poste de nombreuses années d'expérience politique et diplomatique au sein du gouvernement national et de l'Union européenne », écrit Ban Ki-moon dans son communiqué. Réussira-t-il à être d'un grand apport aux autorités transitoires qui ne sont pas parvenues à rétablir l'ordre et la sécurité dans le pays, depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011 ? Pas sûr. Le Royaume-Uni, la France, l'Allemagne, l'Italie et les Etats-Unis, qui ont encouragé l'effondrement de l'Etat libyen, se réveillent. Les cinq puissances appellent les factions belligérantes à cesser les attaques contre les civils. Dans un communiqué conjoint, le deuxième en quelques jours, elles ont « fermement condamné » les combats et les violences en cours à Tripoli, à Benghazi et à travers la Libye et se sont déclarées « profondément préoccupées » par le bilan qui ne cesse de s'alourdir chez les populations civiles et dans les institutions. « Nous sommes profondément préoccupés par les attaques menées contre la population civile et des cibles civiles à Tripoli et à Benghazi qui peuvent être assimilées à une violation du droit international humanitaire. Ces violations doivent cesser et leurs auteurs doivent être tenus pour responsables », ont martelé ces pays. « Nous déplorons la hausse du nombre de victimes civiles et exprimons notre profonde inquiétude face à la pénurie de fournitures médicales, le déplacement de milliers de familles, la destruction des résidences et des infrastructures, ainsi que l'arrêt de l'activité économique », concluent-ils avant d'appeler de nouveau à un « cessez-le-feu immédiat et à un dialogue politique ». De crainte que le conflit n'évolue vers une guerre civile, ces pays ont évacué leurs ressortissants et diplomates. Ailleurs, les discussions tournent autour de l'énigmatique résolution du Parlement. « Un autre Afghanistan » en cas d'ingérence étrangère La Libye ne manquera pas de devenir « un autre Afghanistan » en cas d'ingérence militaire étrangère dans son conflit intérieur, écrit, jeudi dernier, le journal en ligne Albawabahnews, se référant à l'expert libyen Chaâban ben Nasser. « Le peuple libyen est catégoriquement hostile à l'idée d'une intervention militaire étrangère surtout dans le contexte actuel de l'absence de Constitution. Si l'Occident se décide tout de même à intervenir, il transformera la Libye en territoire du terrorisme, en un autre Afghanistan, car la lutte contre le colonialisme occidental embrasera alors l'ensemble du pays », estime Nasser. Au grand bonheur des pays de la région et de l'Union africaine qui ne souhaitent pas cette intervention, aucun signe du côté des pays interpellés ne va dans le sens du vote du parlement libyen. Tous ou presque sont impliqués déjà dans la nouvelle guerre en Irak. « Une intervention étrangère, on sait quand elle démarre mais on ne sait pas quand elle se termine », a indiqué, la semaine dernière, à Washington, Abdelmalek Sellal à son homologue libyen, Abdallah Al-Theni.