Parallèlement à cette résolution, les ministres européens des Affaires étrangères se sont mis d'accord à Bruxelles pour livrer des armes aux forces kurdes qui combattent l'EI dans le nord de l'Irak. Placée sous le chapitre VII de la Charte des Nations unies, cette « mesure », la première depuis les frappes américaines des positions de l'EI qui a proclamé le 9 juin un califat à cheval entre l'Irak et la Syrie avant de menacer Baghdad, condamne les échanges directs et indirects avec l'organisation terroriste connue sous l'appellation Etat islamique d'Irak et du Levant devenue par la suite Etat islamique (EI) et al- Nosra. Le Conseil « condamne tout échange commercial direct ou indirect » avec les « 12.000 jihadistes », qui contrôlent des champs pétroliers et des infrastructures rentables et « demande à tous les Etats membres de prendre des mesures nationales pour endiguer le flot de combattants terroristes étrangers » qui vont rejoindre l'EI ou Al-Nosra et les poursuivre en justice. Des experts onusiens ont été chargés de fournir un rapport dans un délai de 90 jours sur la menace représentée par ces deux organisations et leurs sources d'armement et de financement. Ce texte préparé par la Grande-Bretagne cible, d'ores et déjà, six extrémistes originaires d'Arabie saoudite et du Koweït. « La résolution d'aujourd'hui, que les Etats-Unis sont fiers de co-parrainer, représente la position forte et unifiée du Conseil, selon laquelle tous les Etats membres doivent faire obstacle au financement terroriste et aux réseaux de recrutement de combattants étrangers qui alimentent la violence perpétrée par l'EI, le Front Al-Nosra et d'autres complices d'Al-Qaïda dans la région », a déclaré Samantha Power, l'ambassadrice américaine à l'ONU. « Cette résolution ne changera pas dans l'immédiat la situation en Irak ou en Syrie. Mais elle va fournir un cadre international aux efforts pour contrer l'EI », explique l'ambassadeur britannique Mark Lyall Grant. Prudent, le représentant russe Petr Illichev rappelle que la résolution « ne donne pas d'approbation pour une action militaire ». Comme la plupart des membres du Conseil, les deux anglo-saxons « oublient » de rappeler que la majorité des « combattants » de l'EI ont été entraînés par des forces spéciales de l'Otan pour « parasiter » la révolte contre le régime de Nouri Al Maliki menée par les anciens partisans de Saddam Hussein en persécutant les chrétiens et certaines minorités comme les Yazidis, les Assyriens, et justifier, au nom de la protection des minorités, l'intervention militaire occidentale, notamment au Kurdistan. Sur place, la situation reste critique. Les terroristes de l'EI poursuivent leurs exactions. Cités par des médias occidentaux, des responsables kurdes et yazidis font état d'un massacre qui aurait été perpétré vendredi dernier par le califat dans le village de Kocho, à une quarantaine de kilomètres de Sinjar. L'EI a tué, selon CNN, plus de 80 personnes et enlevé une centaine de femmes.