Comme toutes les mamans, elle voulait une fête exceptionnelle qui restera gravée dans les mémoires. Pour cela, il fallait délier la bourse et commencer à acheter des tissus pour les toilettes, trouver la bonne couturière et dénicher une salle de fêtes pour recevoir les invités. Ne pensant nullement être confrontée au manque de salles, Nadjeh, l'air insouciant, s'est déplacée pour louer l'espace tant convoité. Malheureusement, au bout de la visite de 10e salle, elle s'est résolue à appeler une amie pour lui prêter son jardin. Il fallait se presser car les cartes d'invitation étaient déjà prêtes. Nadjeh ne pouvait revenir en arrière en annulant ou en décalant la date. Cela démontre la rareté des salles des fêtes dans la capitale et les moult problèmes auxquels sont confrontés ceux qui doivent célébrer une fête. « C'est devenu une « denrée » rare et tellement prisée qu'il faut prendre ses devants bien avant la lecture de la ‘Fatiha' » a fini par reconnaître Nadjeh. Il faut plusieurs mois à l'avance sinon une année pour réserver une salle comme le recommande une maxime bien de chez nous. « Le mariage d'une journée requiert une année de préparatifs ». La bonne dame n'était pas au bout de ses surprises. Nadjeh a eu le tournis plusieurs fois en demandant le tarif. Il diffère selon la location de l'après-midi ou le soir. Il y a une différence de 2 à 30 mille dinars. Sans compter les extras qu'il faut payer rubis sur ongle avant et après la célébration de la fête. Au bas mot, il faut débourser pour la salle la moins chère, pas moins de 150 mille dinars. Se marier ou circoncire son enfant ou même fêter un heureux événement quelconque devient une galère et un casse- tête chinois pour certaines familles qui n'ont pas un bas de laine bien garni. Les déboires ne s'arrêtent pas là, puisqu'il faut encore chercher un orchestre ou un disk jocker (DJ) pour animer la fête. Là encore il faut se présenter à l'avance et verser les arrhes sous peine de ramener au pied levé un artiste méconnu ou un DJ non professionnel. Salles fermées Pourquoi cette rareté et ces tarifs exorbitants alors que la capitale compte pas moins de 706 salles ? Selon Madjid Bessila, président du conseil national des salles de fêtes, la balle est dans le camp du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales. Depuis la promulgation du décret 05-207 organisant la fonction des salles des fêtes, les choses se sont gâtées pour les propriétaires. L'une de ses conséquences fut la fermeture de 300 salles. L'hygiène, la non-conformité avec le cahier de charges, la nuisance sonore, l'absence de parking sont autant de griefs qui ont motivé la décision des autorités locales ou wilayales. M. Bessila n'a cessé de demander des réunions avec le directeur de la réglementation du ministère de l'Intérieur pour trouver une solution qui arrange tout le monde, notamment les citoyens qui veulent fêter leur événement dans un cadre convivial avec un service impeccable et toutes les commodités (parking, salle de la mariée, cuisine, climatisation, toilettes pour hommes et femmes, issues de secours etc.). M. Bessila se bat toujours et surtout pour 108 jeunes ayant contracté un prêt auprès de l'Ansej et qui se retrouvent au chômage. « Si la salle louée auprès d'un promoteur immobilier ne répond pas aux normes de sécurité, quelle est la responsabilité du jeune locataire qui a créé plusieurs emplois et se retrouve sur le carreau ? » s'interroge-t-il. « Il faut, sans attendre, ouvrir le dialogue, car cette situation ne doit pas perdurer dès lors que le citoyen est victime de spéculation effrénée » a-t-il indiqué. En effet, certains propriétaires de salle, profitant de la situation, font payer la location d'une plus ou moins acceptable à pas moins de 50 mille dinars. « Je dénonce ces tarifs prohibitifs », soulignera M. Bessila. Et d'ajouter : « C'est toujours le citoyen qui paye les dysfonctionnements de l'administratio ». Pour lui, « il est temps de s'asseoir autour d'une table ». Le directeur de la règlementation du ministère, les autorités locales et wilayale ainsi que les représentants des propriétaires de salles doivent se réunir. Il s'agit de revoir plusieurs articles contenus dans le décret 05-207 discriminant l'activité des salles de fêtes, revoir la situation des 108 jeunes qui ont contracté un prêt de l'Ansej et surtout ne pas classer les salles de fêtes au même titre que les cabarets et les boîtes de nuit. Le mélange de genres en la matière est douteux.