Durant la saison estivale, il y a rush sur les plages et on a l'impression que tous les Algériens passent leurs vacances dans les stations balnéaires. Or, c'est faux. Ces estivants ne représentent qu'une infime partie de la population, ces sites ne pouvant accueillir plus de 30.000 estivants. « A l'occasion de chaque saison estivale, 30.000 estivants algériens sont heureux de passer des séjours balnéaires. Généralement, ce sont les mêmes qui profitent de la plage. On peut dire que la majorité passent leurs vacances chez eux, par manque de moyens d'une part, mais aussi par habitude », estime l'expert international dans le tourisme et ancien conseiller au ministère du Tourisme et de l'Artisanat, Saïd Boukhelifa. Dans le sud de l'Algérie ou dans les petits villages, cette culture de voyager n'est pas aussi bien ancrée que dans les grandes villes. Selon Athmane Sahnoun, ancien DG de l'Office national du tourisme (ONT) et gérant d'une agence de voyages, la majorité des Algériens passent leurs vacances d'été en Algérie, soulignant que le plus grand flux est enregistré dans l'ouest du pays. « Les plus nantis partent à l'étranger parce qu'ils ne trouvent pas en Algérie les commodités et l'ambiance de vacances qu'ils souhaitent. Le pays qui profite le plus de cette manne est incontestablement la Tunisie », dit-il. Le pays du Jasmin, en effet, est, selon les agences de voyages, la première destination touristique choisie cet été par les touristes algériens, suivie par la Turquie et l'Espagne. En hiver, la demande nationale sur le tourisme de montagne est très forte et dépasse de loin l'offre. « Il y a moins de 1000 lits dans les montagnes. C'est normal que ça soit complet. La demande est estimée à 500.000 en moyenne. Pourquoi ne pas exploiter cela ? Les parcs naturels représentent un segment important. Or, la demande croît mais les infrastructures ne suivent pas », constate M. Boukhelifa. Pour lui, la solution est au niveau des communes et des offices locaux du tourisme. Si ces derniers avaient le budget qu'il faut pour la promotion de leurs régions, les investisseurs suivraient. Des petits hôtels et des auberges suffisent largement, à condition qu'ils soient de qualité. « En hiver, les Algériens fréquentent plus le Sud-Ouest et les stations climatiques et thermales », observe M. Sahnoun. Idem pour les sites balnéaires où la formule des campings comblera largement le déficit en infrastructures. M. Boukhelifa évoque, comme exemple, le camping privé à Chenoua qui a été érigé aux normes internationales, un exemple à suivre. « Les pouvoir publics doivent inciter les opérateurs à investir dans le tourisme de montagne et balnéaire, qui sont très porteurs. Le touriste algérien aime l'aventure mais ne prend pas le risque d'amener avec lui sa famille dans des endroits où il ne sait pas ce qu'il va trouver », dit-il. Pour les touristes étrangers, révèle M. Sahnoun, une préférence devrait être donnée au tourisme de circuits à thème archéologique, aux randonnées sahariennes et aux courts séjours à Alger, Oran, Tlemcen, Bejaia, Annaba et Constantine. Il reconnaît, toutefois, que les flux touristiques internationaux vers l'Algérie sont dérisoires pour l'instant et les recettes qu'ils génèrent marginales. Pour se faire une place à l'international, M. Sahnoun propose que les différents acteurs institutionnels travaillent sur « l'image du pays », afin de rendre plus lisible et attractive la destination Algérie.