Le pied diabétique est une des complications du diabète de type 2. Cette affection présente un problème de santé publique, selon les praticiens. « Elle est le carrefour de toutes les complications neurologiques, artérielles et infectieuses et pose un véritable drame social et individuel », a indiqué, hier, à Alger, le Dr Samir Aouiche, maître assistant au service de diabétologie au CHU Mustapha-Pacha, lors d'une journée scientifique organisée par l'Association des patients diabétiques de la wilaya d'Alger en collaboration avec la Société algérienne de diabétologie. Il ne manquera pas de signaler que « 15% des diabétiques vont présenter un ulcère du pied au cours de leur vie ». « De 2004 à 2011, 25.000 plaies ont été constatées chez les diabétiques », a-t-il fait savoir, précisant que « la majorité des malades sont déjà amputés ». Mais, selon lui, on pourrait diminuer de 50% les complications du diabète de type 2 grâce à la prévention. Le spécialiste a aussi longuement parlé de l'intérêt de la consultation précoce, de l'éducation du patient et de son entourage, et des facteurs déclenchants de la plaie sur un terrain à risque. 63% des déformations du pied sont dues, selon lui, au mauvais chaussage. Les malades paient souvent un lourd tribut en optant pour des chaussures de mauvaise qualité qui influent négativement sur leur santé. « Le chaussage est très important », insiste le Dr Aouiche. Il conseille d'acheter la chaussure diabétique, qu'il ne faut pas confondre avec la chaussure orthopédique, qui se vend dans les pharmacies. Certes, elle coûte assez cher, mais il est préférable d'investir dans cette action préventive que de perdre définitivement son pied. Il est malheureux de constater que la plupart des malades ne donnent aucune importance à la prévention et consultent toujours à un stade tardif, ont constaté les spécialistes. A ce titre, ils recommandent de respecter les 12 conseils auxquels devrait s'en tenir le malade atteint du diabète de type 2 dont une bonne hygiène de vie et la consultation en podologie. « Les podologues travaillent dans la prévention et sont des acteurs intéressants car ils veillent sur l'état de santé du malade », affirme le Dr Aouiche. Néanmoins, cette spécialité n'est pas enseignée dans les facultés de médecine et le nombre réduit de médecins formés à l'étranger dans cette spécialité n'est pas suffisant, d'où la cherté des consultations, ce qui n'encourage pas les patients à aller se faire examiner. Les multiples appels lancés pour intégrer cette spécialité dans la formation des médecins n'ont pas encore rencontré d'écho chez les responsables concernés. Pour le professeur Zahia Arbouche, présidente de la Société algérienne de diabétologie, cette journée scientifique dédiée au pied diabétique a pour but d'agir en amont, c'est-à-dire dans la prévention primaire pour ne pas arriver aux lésions, à la néphropathie diabétique et bien d'autres conséquences. « La majorité des diabétiques sont dialysés, on voudrait retarder au maximum l'apparition de l'insuffisance rénale », fait-elle remarquer. Le but de cette formation d'une journée destinée aux médecins est de réduire de 50% les amputations dues souvent à la négligence et une à mauvaise hygiène de vie.