Une récente étude réalisée par le CHU Mustapha-Pacha a révélé à la fois l'ampleur du diabète et les différentes facettes de cette pathologie qui nécessite un plan national de prise en charge. Le pied diabétique est l'une des complications les plus importantes de la maladie. En Algérie, 65,5% des malades sont amputés chaque année. C'est ce qu'a reconnu le Dr Aouiche, diabétologue au CHU Mustapha-Pacha, hier, lors d'une rencontre portant sur la prise en charge du pied diabétique. Pour le médecin, le chromatisme et le mal-chaussage représentent la cause majeure des amputations. Le médecin fait savoir que la majorité des patients arrivent avec des lésions avancées. Dans une étude réalisée au CHU entre 2006 et 2011, les médecins ont constaté que l'âge, la durée de la maladie, le niveau social et la présence de AOMI sont les principaux facteurs de risque. L'étude a duré six ans, et sur les 24 224 patients, 15,10% souffrent du pied diabétique et 17% des malades hospitalisés se font amputer. L'enquête a révélé, aussi, que les hommes se font amputer plus que les femmes. L'objectif de l'étude portait essentiellement sur l'identification de la fréquence des complications, le profil des malades et les lésions. Le Dr Aouiche souligne que cette recherche a permis de remarquer que les patients les plus touchés sont ceux qui ont un niveau social moyen ou faible. Ce qui explique, selon le spécialiste, le manque de prise en charge. “55,2% des patients hospitalisés sont déjà amputés”, spécifie-t-il. Le Dr Aouiche a indiqué qu'une grande partie des plaies du pied du diabétique et de son amputation sont provoquées par des chaussures de mauvaise qualité. Il a cité également le manque d'une prise en charge multidisciplinaire. “Il n'y a pas de coordination entre le chirurgien, le diabétologue, le podologue et le rééducateur”, a-t-il estimé, notant, en outre, que la podologie (spécialité de l'étude du pied et de ses affections) demeure peu développée en Algérie. La rencontre était, aussi, l'occasion pour méditer l'expérience cubaine dans la prise en charge du pied diabétique. À cet effet, le Pr Creagh a expliqué qu'“en Algérie, les premières préoccupations sont la bonne prise en charge et la formation du personnel médical.” Le professeur a précisé que le nombre d'amputations peut être revu à la baisse grâce à l'Heberprot, un médicament fabriqué à Cuba. Ainsi, le ministre de la Santé a indiqué que son département allait débloquer 110 millions de dinars pour l'achat de 4 000 flacons de ce médicament. Le premier responsable du secteur a reconnu le “déficit” qu'enregistre l'Algérie en matière de prise en charge du malade. À cet effet, un plan national du diabète vient d'être mis en place en précisant que la prévalence du diabète chez la population âgée de 25 ans et plus est estimée, selon Steps OMS, à près de 1,3 million de diabétiques dont un diabétique sur deux est méconnu. Le ministère a également mis en place un plan de dépistage du diabète infantile au niveau des 850 unités de dépistage scolaire (UDS). D. S.