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Ammi hamid raconte sa «guerre» : A 14 ans j'étais déjà adulte
Publié dans Horizons le 31 - 10 - 2010

• Ma plus grosse frayeur fut lorsqu'on m'envoya remettre des exemplaires du journal «El Moudjahid» aux Deux Bassins où se trouvait la boulangerie d'un homme avec qui nous avions des liens de parenté, en l'occurrence le père de Louisette Ighil Ahriz. Ce ne sont pas des fragments de souvenirs ou des morceaux épars de réminiscences que Ammi Hamid livre sur ce qui a été pour lui autant que pour son père et l'Algérie entière, l'engagement militant et la participation aussi humble soit-elle de nombre d'Algériens.
Quatre fois grand-père, ayant parcouru nombre de pays dans sa jeunesse, attentif à tout ce qui fait le monde, la culture, la politique et les religions, Ammi Hamid, comme l'appellent les jeunes de sa rue et de son quartier, continue de s'occuper l'esprit en lisant sa dernière acquisition, la Mokkadima d'Ibn Khaldoun, qu'il montre avec fierté. Et la Guerre de Libération ? On ne lui posera pas deux fois la question pour mettre en branle les chroniques de ses 15 ans.«J'avais quatorze ans et demi au mois de février 1955 et j'allais encore à l'école de la rue Horace Vernet. Cela faisait quatre mois qu'avait eu lieu le déclenchement de la guerre de libération. Mon père, militant du PPA, et nombre d'autres partisans étaient alors en rupture avec le vieux parti nationaliste pour divergence d'idéal politique. Il avait en sa possession, en tant que collecteur de fonds, une certaine somme d'argent assez conséquente d'ailleurs provenant des cotisations des commerçants et autres marchands adhérents au PPA. Un matin de ce mois de février, au magasin familial, je vois arriver un certain Lounis, un des lieutenants de Messali pour la région d'Alger.
Il s'était présenté afin de récupérer l'enveloppe des cotisations des militants du PPA, qui, si mes souvenirs sont bons, avoisinait les 500.000 anciens francs, sinon plus. Une sacrée somme à l'époque. Un deuxième personnage Ammi Akli, patron du restaurant «La promesse» et d'un commerce de boissons au boulevard Beauprêtre, se présente à moi une semaine après et demande à voir mon père. Ammi Akli, nationaliste sans conteste, était un adhérent du PCA, donc athée, ce qui ne collait pas avec les convictions religieuses de mon paternel. Aussi, quand ce premier était venu demandant à ce que les militants dissidents au nombre de six cents personnes se rapprochent des rangs du FLN désormais porte-parole du peuple, mon père me fit part de ses incertitudes quant au message apporté par le restaurateur. D'ailleurs, mon père devait se référer à ses compagnons et militants de la voie à suivre quand il s'agit de se fier à Ammi Akli. Pour la petite histoire, une rue du centre ville porte le nom du chahid Akli. Mon père devenait certes l'intermédiaire mais il lui fallait un gage d'assurance de la part du restaurateur».
RENCONTRE AVEC OUAMRANE
Ammi Akli lui promit une rencontre avec Ouamrane, lieutenant de Krim Belkacem, au local commercial du Boulevard Beauprêtre. Le nom de Ouamrane mit en confiance son père. Rendez-vous fut pris. Pour cette rencontre, un après-midi de l'hiver 1955, son père fit venir ses compagnons de militantisme de l'ex-PPA, entre autres, un infirmier major, Kaddour Birkhadem et Oudhaffal. «J'ai fait partie du groupe mais ma tâche consistait à rester à la caisse du magasin des vins et liqueurs pour faire le guet, alors que les adultes sont montés dans la soupente afin de convenir de la manière à intégrer le FLN». Faire venir Ouamrane dans un arrondissement à forte population européenne éloignait toute suspicion de la part des services de police français en alerte depuis le déclenchement du Premier Novembre.
La rencontre a fini par avoir lieu avec la promesse du groupe représentatif à rejoindre le FLN avec 600 nouveaux membres. La question des cotisations fut posée. Le père de Ammi Hamid rétorqua qu'elles n'étaient plus en sa possession, puisque reprises par Lounis au nom du PPA. Ammi Akli et Ouamrane affirmèrent qu'ils allaient les récupérer auprès de ce dernier. L'affaire était close. «Je me rappelle que des hommes pour qui je ne devais poser aucune question venaient déposer au magasin des flacons d'alcool chirurgical, du mercurochrome, des pansements et autres médicaments. Je recevais également des pataugas et en même temps tout ce qui pouvait être acheminé vers le maquis. Je les enfermais dans un contenant en aluminium placé dans la chambre froide du magasin. Une fois la quantité conséquente des produits pharmaceutiques amassée, un autre anonyme venait les prendre. On a continué à jouer le rôle de collecteurs de fonds jusqu'à la fin. Malgré mon âge, je connaissais mes limites : aucune question indiscrète. Etant l'aîné des garçons, j'étais déjà adulte par l'éducation parentale de l'époque. On recevait également des spécimens du «Moudjahid» ronéotypés que nous distribuons aux militants appelés à se tenir au courant des activités des moudjahidine, l'esquels responsables au sein du parti devaient faire la lecture de ces articles publiés au cours de rencontres clandestines avec les citoyens et militants. Nous avions établi un signe pour savoir que l'étranger entrant au magasin était un militant. En vous tendant la main pour le salut, le nouveau venu devait faire pression sur l'index de la main droite. L'autre code convenu d'Alger était d'apporter une bouteille de lait au restaurant «La promesse» car Ammi Akli le restaurateur étant devenu un des chefs incontournables du FLN pour la région. Selon qu'elle était pleine, à moitié remplie ou vide, le degré de contenance correspondait au message à faire passer ente les coordinateurs pour une réunion spéciale. Un peu plus tard, j'ai souhaité monter au maquis, Si Belkacem (Kaddour Birkhadem) mort en chahid m'a répondu : «Nous avons besoin à l'indépendance de jeunes gens vivants». Une manière de m'expliquer qu'auprès d'eux, j'avais ma place.
LE GÉNÉRAL CATROUX OU LA JOURNÉE DES TOMATES
Ma plus grosse frayeur fut lorsqu'on m'envoya remettre des exemplaires du journal «El Moudjahid» aux Deux Bassins où se trouvait la boulangerie d'un homme avec qui nous avions des liens de parenté, en l'occurrence le père de Louisette Ighil Ahriz. Les Deux Bassins, il y a 55 ans, était une petite localité située sur la route de Ben Aknoun et Dély Ibrahim. C'était une fin d'après-midi hivernal vers les 17 heures. Au carrefour entre les deux agglomérations, un barrage de «Gardes mobiles». En réalité c'était la gendarmerie mobile qui, au-delà de ses missions traditionnelles de maintien de l'ordre, assumait d'autres charges comme le quadrillage. La dizaine d'exemplaires du Moudjahid dans mon cartable ! Et si on venait à me fouiller ? La peur m'envahit et je vous avoue que du haut de mes 14 ans, j'ai uriné dans mon pantalon ! Puis me remettant à ma chance, j'ai dépassé le barrage tout en sifflotant un air de chanson à la mode, serrant contre moi mon porte-document. Ouf !
La première arrestation de mon père me restera en mémoire toute la vie. Alors que j'étais sur le trottoir en face de notre commerce, une Juva 4 de marque Renault s'est mobilisée devant le magasin. Une patrouille de gardes-mobiles composée de plusieurs militaires était venue arrêter mon père. La peur me submergea. J'ai hésité à traverser la rue. Puis je me suis ressaisi et avec ma frayeur aux entrailles, j'ai regagné le magasin assistant au départ de mon père à la villa des Oliviers. Il y eut deux autres arrestations, l'une à Sarrouy et l'autre au Fort l'Empereur.
Autre souvenir : «J'étais là, avec un copain d'enfance à hauteur de la Place du Forum ou Monument aux morts lorsque le général Catroux a été attaqué avec des tomates. Alors que nous revenions de Bab El-Oued en février 1956, une foule de «pieds-noirs» hystériques, sous la pression du comité d'entente des anciens combattants et du maire Froger, en écharpe tricolore, lançaient des tomates au passage du général Catroux, nommé Résidant Général en Algérie en hurlant : «Catroux au trou!». En tant qu'Algériens, nous avons opté pour une sage décision : nous éloigner. Rentrer au bercail. Échapper au lynchage d'une foule excitée. Pendant toutes ces années de guerre, l'information rapportée par la presse coloniale était acquise à la politique de l'Algérie française. Pour plus d'objectivité, mon père et moi lisions «La gazette de Lausanne», «Le monde», «Le Canard enchaîné » et «Le journal de Genève». Le soir, l'oreille était tendue vers Sawt el Arab mais le moment que nous attendions avec impatience était l'heure du journal parlé de Radio Suisse Romande pour l'impartialité de ses commentaires quant à la guerre de libération. C'est l'Algérie de mon père, de nos pères. L'Algérie d'une jeunesse à l'idéal sans faille.


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