Tout au plus, face au dollar, il peut s'offrir une légère différence trompeuse. Il vaut 1,26 dollar. Soit le seuil le plus bas depuis deux ans. Le billet vert continuait, lui, de tirer parti de bonnes données macroéconomiques ces derniers temps en provenance des Etats-Unis. Elles ont nourri les anticipations d'une remontée des taux prochainement dans le pays et motivé les investisseurs à acheter du dollar, dans l'attente de la publication vendredi du rapport officiel mensuel sur les créations d'emplois et le taux de chômage. Ainsi, tous les analystes le confirment. L'euro n'est plus cette monnaie forte. Trois explications sont avancées : une faible inflation, à son niveau le plus faible (0,3%), en septembre, le chômage pointant à 11,5% (5,1% en Allemagne et 10,4% en France), en août, et les mesures d'assouplissement monétaire attendues à deux jours de l'orientation de politique monétaire de la Banque centrale Européenne (BCE) de nature à affaiblir davantage l'euro. A Naples, la réunion exceptionnelle de la BCE, précédée des craintes de déflation en zone euro, dicte l'urgence des mesures incitatives pour maintenir une inflation à plus ou moins 2%. Il est prévu d'injecter des liquidités dans le circuit financier pour stimuler l'économie. A plus long terme, elle se tient prête à recourir, si le besoin se fait ressentir, aux « instruments conventionnels supplémentaires », a annoncé le président de la BCE, Mario Draghi. Vers un programme d'achat d'obligations souveraines à grande échelle ? Le scénario n'indiffère pas les analystes attachés à cette voie de sortie de crise. Mais, l'euro qui a perdu de sa superbe, ne fait plus rêver. Il subit de plein les attaques du camp des sceptiques qui ne croient plus en ses vertus unitaires. Censé sceller le destin unitaire de l'Europe, il est accusé de détruire les fondements de l'économie de nombreux pays. A l'image de la France, dénonçant un euro fort, nuisible à la croissance et favorisant le chômage, la monnaie de tous les maux doit passer par l'épreuve de la dévaluation évaluée à 10% par l'ancien ministre de l'Economie, Arnaud Montebourg, un seuil nécessaire pour gagner 1,2 point de croissance et créer 150.000 emplois. Pour l'économiste Laurence Nayman, « l'Allemagne profite plus que nous de la valeur forte de l'euro ». Il soutient que « a base industrielle est plus large que la nôtre. Elle paye moins cher ses matières premières, améliore ses coûts et sa compétitivité et maintient un bon niveau d'emploi ». La locomotive européenne cale. « Aussi longtemps que la partie française du moteur balbutiera, il ne va rien en sortir d'extraordinaire. La France doit faire ses devoirs. Les solutions sont à Paris, pas à Berlin », explique Henrik Uterwedde, directeur adjoint de l'Institut franco-allemand de Ludwigsburg. Plombé par les divergences économiques, le couple franco-allemand pèse sur le redémarrage de la zone euro. A la traîne, la France est impérativement tenue de lancer les chantiers des réformes pour se mettre au diapason d'une Allemagne qui affiche un taux de 1,8% de croissance, un chômage ramené à 6,7% et un équilibre budgétaire érigé en priorité absolue. Bien loin, Paris décroche : une croissance nulle, 10% de chômage, une dette publique de 2.000 milliards d'euros. Le pari d'« égal à égal », réclamé par le partant Montebourg, ne tient pas la route. Son successeur, présenté comme un germanophile et un germanophobe, Emmanuel Macron, a la difficile tâche de rétablir un équilibre précaire qui passe nécessairement par les réformes de toutes les divergences franco-françaises cautionnées par le gouvernement Valls.