Le pétrole a perdu, selon le responsable d'un pays membre de l'Opep, autour de 15 % de sa valeur marchande sur les trois derniers mois. Pour l'heure, point d'inquiétude de la part des pays les plus influents comme le Koweït et l'Arabie saoudite qui ont estimé que la situation est normale. « Le pétrole ne fait que monter et descendre tout le temps. » D'ailleurs, on ne prévoit même pas de réunion de concertation d'usage pour discuter des mesures « à même de stabiliser le marché ». C'est-à-dire agir sur l'offre pour enrayer la chute des cours ou, à l'opposé, injecter des volumes supplémentaires pour que la hausse des cours n'affecte pas la reprise de l'économie mondiale. La réunion de l'Opep n'est prévue que pour ... le 27 novembre prochain. Mais pourquoi donc cette baisse alors qu'il y a, aujourd'hui, des tensions géopolitiques qui auraient dû agir comme facteurs et impacter lourdement les cours, d'autant plus que ce sont des zones privilégiées d'approvisionnement de l'économie mondiale qui sont en proie à l'instabilité ? Il s'agit d'abord de l'Irak, de la Libye et de la Russie, soumis récemment à des sanctions internationales de la part des Européens. Selon des spécialistes, la question est simple. Il y a les facteurs classiques qui expliquent l'évolution du marché, avec une baisse de la demande mondiale en raison de la crise. Ensuite, la production du pétrole de schiste (Shale oïl) par les USA qui tirent, aujourd'hui, quelque 8,6 millions de barils par jour (chiffre du mois d'août dernier.) Résultat, « le plus grand importateur de pétrole dans le monde ne dépend plus que de 30 % de ce marché contre 60 % en 2005 », selon des données de l'administration américaine. Le plus inquiétant, c'est que l'Agence internationale de l'énergie (AIE) ne prévoit, pour 2015, qu'une faible croissance et l'économie chinoise, qui pompe une partie importante de l'offre mondiale, sera aussi dans l'expectative, sa croissance sera moins vigoureuse que d' habitude. Enfin, l'Organisation de la coopération économique (OCDE) assombrit davantage le tableau. Elle ne prévoit « pas de reprise en 2014-2015 aussi bien en Europe qu'aux USA et dans les pays émergents. » La situation s'annonce financièrement difficile également pour les principaux pays exportateurs qui dépendent des recettes des hydrocarbures, si les cours n'arrivent pas à se stabiliser sur plus de 85 dollars. Ces pays, en proie à des déficits de leurs budgets, utilisent à grande échelle le levier budgétaire pour financer la croissance et subventionner des pans entiers de l'économie.