L'histoire d'Amel et de Nabil illustre parfaitement qu'un couple n'est pas toujours uni pour le meilleur et pour le pire. On peut être amoureux, passionnés par et pour la vie, les rêves à deux, mais le vent ne souffle toujours pas toujours au gré des navires. Amel, l'héroïne, croyait naïvement que son charmant prince n'a d'yeux que pour elle. Il sera à ses côtés dans le bonheur comme dans le malheur. Chaque conjoint ne doit-il pas toujours soutenir, conforter son partenaire ? La complicité ne dure que le temps des cerises. Lorsqu' Amel tombe malade et doit subir, de surcroît, l'ablation de son sein, Nabil montre un autre visage. Dans un premier temps, il accompagnait son épouse pour les différentes analyses et mammographies, mais il n'a pas accepté la « mutilation ». C'est le double choc pour Amel, adepte de fine lingerie féminine. Très petite déjà, elle en cousait pour sa poupée, une passion héritée de sa grand-mère, une couturière. L'ablation du sein effectuée, Nabil a changé d'attitude. Il a accepté le cancer mais pas la mutilation au point de la quitter. Recluse, effondrée, la désillusion est cruelle pour Amel. Eplorée, elle fait des choses insensées pour reconquérir son amoureux. Pour cela, elle a été voir une voyante, elle qui a fait des études supérieures avec bac + 12. Elle a été poussée à momifier une bougie, persuadée que son amoureux changera d'avis et reprendra la relation, comme avant. En vain. Abandonnée, trahie, repoussée, le mariage avec un autre n'a pas cicatrisé la plaie. Pourtant, ce deuxième mari l'a acceptée avec sa mutilation. Pleurant toujours son premier amour, son mari finit par se lasser et la quitter. Cette fiction se termine par un happy end puisque Mounia a démontré qu'une femme ayant subi un cancer avec chimiothérapie et radiothérapie peut enfanter. Tout au long de la narration de l'histoire d'Amel, Mounia plonge le lecteur dans l'univers de l'hôpital tant redouté. Les angoisses des mères envers leurs filles où les filles qui s'inquiètent de leurs mères. L'ingratitude de la gent masculine qui n'accepte pas qu'on parle du sein, cela reste tabou au XXe siècle. Dans son malheur, nous confie Mounia lors de la présentation de son premier roman à la librairie Oméga, Amel a découvert que les femmes illettrées souffrent moins de l'ablation, acceptent leur sort et se remettent à Dieu grâce à leur inébranlable foi. L'auteure est mue par le courage de ces innombrables femmes, épouses ou fiancées rejetées car mutilées. Après une dizaine d'années passées à lire le courrier des lecteurs de la rubrique « Premiers pas » au journal l'Authentique, des femmes souffrant en silence du rejet de leurs familles car mutilées se sont confiées à Mounia. Elles ont trouvé une oreille attentive à leur souffrance. Même si l'histoire est fictive, l'histoire de Bariza de Biskra est réelle tout comme celle de Houria de Bachdjerah qui ont éprouvé le besoin de parler de leur cas. Encouragée et soutenue par le professeur Kamel Bouzid, oncologue et chef de service au CPMC, Mounia affirme : « J'ai voulu rendre hommage à toutes les femmes qui ont souffert du cancer du sein, délaissées puis mortes de maladie et, surtout, de chagrin ». Actuellement, Mounia est sur un autre opus où elle va rassembler des témoignages de femmes ayant subi l'ablation mais accompagnées et soutenues par leurs proches contrairement à Amel la neurochirurgienne, Bariza ou Houria. Un autre livre est en chantier relatif aux traditions et coutumes d'El-Kantara, sa ville de naissance. « Passions en tumulte » de Mme Mounia. Editions Nait (Alger). 326 pages. Prix 600 dinars.