A une semaine des élections législatives, qui seront suivies, moins d'un mois après, par le scrutin présidentiel marquant le parachèvement de la transition politique, le président tunisien Moncef Marzouki, candidat à sa succession, est monté, dimanche dernier, au créneau. Il se dit « confiant » dans sa victoire lors de la présidentielle du 23 novembre prochain. Dans une interview diffusée par la chaîne privée Al-Hiwar Ettounsi, le chef d'Etat tunisien a appelé les Tunisiens à « se rendre aux urnes ». « La Tunisie a réalisé 50% des objectifs de la révolution (...) en un temps record (...) nous avons fait la moitié du chemin, nous avons bâti un Etat démocratique, nous avons une Constitution », a-t-il souligné en assurant que le « développement économique et social viendra en son temps (...) et qu'il était impossible de construire quoi que ce soit sans consensus politique ». Pour le candidat du Congrès pour la République (CPR) dont il est aussi le fondateur, les deux rendez-vous électoraux représentent « un moment décisif ». « Ces élections sont une lutte entre l'ancien régime qui ne veut pas mourir et le nouveau régime qui n'est pas encore né », a-t-il fait remarquer. Rappelant sa contribution dans la gestion du délicat processus de transition politique notamment marqué par les violences terroristes, Marzouki a défendu son alliance avec Ennahda, estimant avoir permis de concilier les camps islamiste et laïque. Le patron du CPR a fait alliance avec les islamistes d'Ennahda, vainqueurs des premières élections libres de l'histoire de la Tunisie en octobre 2011, et le parti de gauche Ettakatol au sein d'une « troïka » au pouvoir jusqu'en janvier, avant que cette dernière ne laisse la place à un gouvernement apolitique chargé de préparer les élections. Sur le terrain, la campagne électorale bat son plein. Et le parti Ennahda, fort de sa popularité, de clamer presque une victoire « certaine ». Ses responsables se disent prêts à composer, une nouvelle fois, avec le courant laïque, y compris son principal rival, Nidaa Tounes de Béji Caid Esebsi, candidat à la présidentielle. Lors d'une réunion électorale de la liste du parti tenue dimanche à Gafsa, le président du mouvement Ennahda, Rached Ghannouchi a déclaré « que la politique de consensus et de pardon, à laquelle croit Ennahda ne signifie nullement que son parti va permettre le retour au passé, à savoir le parti unique, le président unique, le capital corrompu et la langue de bois chez les médias ». Il a affirmé que son parti adopte la voie du pardon « tant que tous se placent sous la tente de la révolution et de la constitution ». Il a avancé que son parti croit « en l'islam qui unit et ne divise pas et consacre l'unité nationale », soulignant qu'« il n'y a pas de place pour le terrorisme en islam » et considérant « que lorsque l'islam modéré est absent, il laisse la place à l'extrémisme et au terrorisme ».