Un phénomène d'un nouveau genre est en train de gangrener chaque jour notre société. Il s'agit de l'inscription au préalable sur une liste pour une auscultation médicale spécialisée ou pour des analyses médicales. En effet, la pratique médicale semble perdre de son éthique et de sa déontologie. Ainsi, il nous a été donné de voir des patients s'agglutinant dès les premières lueurs du jour devant des cabinets de spécialistes ou de laboratoires d'analyses médicales. L'on éprouve alors cette impression, malgré le nombre important de praticiens exerçant dans la wilaya de Tizi Ouzou, notamment au chef-lieu, que tout le monde est malade. Ce qui est plus révoltant est ailleurs. Pour que les premiers arrivés devant le cabinet passent en premier, certains praticiens et laboratoires ont trouvé la parade en collant une feuille blanche sur la porte d'entrée du cabinet ou de l'immeuble où est érigé ce cabinet. Ainsi à chaque fois qu'un consultant arrive, il inscrit son nom et ainsi de suite jusqu'à l'ouverture du cabinet et l'arrivée du médecin. D'aucuns peuvent, certes, expliquer ces ruées matinales par la réputation bien établie ou flatteuse de tel ou tel ophtalmologue, cardiologue et dentiste. Cela nous rappelle le temps des pénuries où il fallait passer la nuit devant les unités des galeries, les Aswak, la Sogedia, l'Edimco, la SNS et autre Onaco pour acquérir un produit. Il fallait s'inscrire 24 heures avant, et cette situation avait inspiré à Fellag un de ses meilleurs sketchs. Mais là ce n'est pas la même chose. Il s'agit de santé et d'humains qui méritent d'avoir plus d'égards et de considération, comme l'a si bien déclaré tout récemment le ministre de la Santé, M. Boudiaf, lors de l'inauguration du centre cardio-pédiatrique de Draa-Ben-Khedda : « Un malade ne doit pas être perçu seulement comme une planche à billets ou un tiroir caisse ». Fort heureusement qu'ils sont peu nombreux ceux qui usent de telles pratiques légères et indignes de la profession.