Le président Abdel Fattah al-Sissi, qui a été élu par une écrasante majorité pour éradiquer le terrorisme, monte au créneau. Il décrète, après une réunion extraordinaire du Conseil national de sécurité, l'état d'urgence accompagné d'un couvre-feu entre 17h et 07h sur une partie de la péninsule du Sinaï et annonce un deuil national de trois jours. Selon le communiqué de la présidence, cet état d'urgence de 3 mois, qui a été décidé suite à l'attentat-suicide de vendredi matin, s'étend de Rafah - ville située sur la frontière avec la bande de Gaza - à l'ouest d'Al-Arich. Un kamikaze a lancé sa voiture chargée d'explosifs sur le barrage militaire situé au nord-ouest d'Al-Arich, le chef-lieu de la province du Nord-Sinaï. Bilan de cette attaque la plus meurtrière contre les forces de l'ordre depuis la destitution par l'armée en juillet 2013 du président Mohamed Morsi et le bannissement de la confrérie des Frères musulmans : 31 morts et 29 blessés. Autre décision prise : fermeture, depuis hier matin et jusqu'à nouvel ordre, du terminal frontalier de Rafah, l'unique point de passage vers Ghaza qui n'est pas contrôlé par Israël. Al-Sissi qui s'est réuni hier avec le haut commandement de l'armée, n'exclut pas de « prendre d'autres mesures sur le terrain » pour mettre hors état de nuire l'organisation Ansar Beit al-Maqdess qui a revendiqué la responsabilité de la plupart des attaques contre l'armée et la police au Sinaï. « L'armée et la police prendront toutes les mesures nécessaires pour faire face aux dangers du terrorisme et à son financement, préserver la sécurité dans la région (...) et protéger la vie des citoyens », indique le texte présidentiel. Ansar Beit al-Maqdess, qui aurait déjà fait plus d'un millier de morts dans les rangs des forces de l'ordre ; a annoncé il y a deux mois son allégeance à Daech et appelé ses sympathisants à intensifier les attaques contre l'armée. Pour contrer cette menace, les Egyptiens font des propositions au gouvernement. Certains réclament l'instauration de l'état de guerre, d'autres la poursuite de la chasse aux Frères musulmans présentés comme les commanditaires des attentats. Certains « experts stratégiques » vont même jusqu'à proposer le déplacement des 100.000 habitants, majoritairement des bédouins, de la région. Plusieurs hôtes de chaînes télévisées les ont accusés d'être les informateurs des terroristes qui, pour la plupart, émanent de leurs tribus. Les Etats-Unis, l'Union européenne et les Nations unies qui ont condamné l'attentat de vendredi « soutiennent les efforts du gouvernement égyptien pour contrer la menace terroriste » qui, cantonnée dans les 60.000 kilomètres carrés du Sinaï, a gagné depuis quelques semaines le delta du Nil et la capitale. Mercredi, au moins six policiers et trois passants ont été blessés par l'explosion d'une bombe près de l'université du Caire.