C'est aujourd'hui que les Brésiliens se rendront aux urnes soit pour reconduire la présidente sortante, Dima Rousseff du Parti des Travailleurs, soit pour porter au pouvoir le social-démocrate Aecio Neves, soutenu par la droite. Fortement boostée par la puissante machine électorale de sa formation politique, la Dame de fer du Brésil s'est détachée dans la dernière ligne droite, creusant ainsi de six à huit points son écart avec le candidat du Parti social-démocrate (PSDB), selon deux sondages publiés jeudi soir. Elle l'emporterait avec 53% contre 47% pour son rival (Datafolha) ou avec 54% contre 46% (Ibope). La présidente prend la tête au moment idéal, après avoir été malmenée pendant toute la campagne, d'abord par l'écologiste Marina Silva, éliminée au premier tour, puis par le retour fulgurant de Neves. D'aucuns s'accordent à dire que cette campagne a été la plus virulente depuis 1989, date de la première élection organisée au sortir de la dictature (1964-85). Une campagne tout au long de laquelle la candidate de la continuité » s'était attaquée sans ménagement à Neves, candidat du changement », pur produit des élites et ex-gouverneur de l'Etat de Minas, le deuxième collège électoral du pays, l'accusant de « népotisme ». Ce dernier n'est pas resté sans réagir. Dénonçant « la campagne la plus indigne » depuis le retour à la démocratie, il a contre-attaqué en taxant sa rivale de « menteuse » et d'incapable de relancer l'économie. Il a fustigé sa « complaisance » dans le scandale de corruption chez Petrobras, le groupe pétrolier national, une affaire qui a fait exploser la campagne à la veille du scrutin. L'hebdomadaire brésilien Veja a jeté un pavé dans la mare, vendredi dernier. Il affirme que la présidente Rousseff et son prédécesseur Lula étaient au courant de la corruption au sein de Petrobras. « Ils savaient tout », titre le média, citant le témoignage, mardi à la police, d'un agent de change, Alberto Yousseff, impliqué dans le dossier des pots-de-vin versés par le groupe pétrolier à des élus du Parti des Travailleurs. Mme Rousseff a aussitôt réagi en annonçant qu'elle saisirait la justice contre ces accusations « sans preuves » qu'elle a qualifiées de « terrorisme électoral ». « C'est une initiative malveillante pour influer de façon malhonnête et déloyale sur le résultat des élections », s'est-elle défendue. Dans le camp adverse, le PSDB a annoncé qu'il demanderait au parquet général « d'approfondir les enquêtes » sur ce scandale qui a envenimé l'ultime débat télévisé de la campagne entre les deux candidats. Les affaires de corruption ont terni l'image du Parti de Mme Rousseff au pouvoir depuis 12 ans, détournant de nombreux électeurs de gauche.