Au terme d'une élection des plus disputées dans l'histoire du Brésil, la victoire à l'arraché de la présidente sortante a consolidé le règne de la gauche riche des 12 ans de conquêtes sociales incarnées avec force par son prédécesseur et non moins mentor, Luiz Inacio Lula Da Silva, qui a réussi, en 8 ans de gouvernance, à atteindre le seuil mirifique de 7,5% de croissance, à éliminer les disparités sociales et sortir 29 millions de Brésiliens de la misère. Face au candidat du Parti social démocrate (PSDB), la candidate des « pauvres », réélue avec 51,64%, est consciente des écueils d'une gouvernance à demi-teinte dans un pays divisé en deux blocs antagoniques et confronté à la rigueur de la récession pointant du nez. Passé l'euphorie du boom économique, le second mandat de Rousseff est frappée du sceau de la « paix, l'union et le dialogue », auxquels le chef de l'Etat, toute de blanc vêtue, a appelé de tous ses vœux dans son premier discours. Il s'agit, comme l'a souligné l'analyste Daniel Barcelos Vargas, de « gouverner pour les 48% qui ont voté contre elle ». Le verdict des urnes s'est traduit par la victoire la plus étriquée de l'époque post-dictatoriale qui a vu lors de la première élection présidentielle au suffrage direct organisée en 1989, la consécration de Feranado Collor sur Lula. Les défis économiques sont tout aussi déterminants pour la Présidente, disposant d'une faible majorité politique dans un parlement fragmenté en 28 partis. « L'économie va mal », souligne le politologue indépendant André César. Le constat est partagé par l'économiste et chef de la banque d'investissement Fator, José Francisco Lima Gonçalves, qui estime que « son premier défi sera d'annoncer ce qu'elle fera avec la politique économique et les comptes publics ». Le climat morose des affaires, affecté par la perte de confiance des entrepreneurs, « à son plus bas niveau depuis 5 ans », et le mécontentement des investisseurs, intervient dans un contexte de ralentissement économique, avec une croissance pratiquement nulle dès cette année et une crise politique aux allures de scandales impliquant le Parti des travailleurs, accusé de corruption. Celle qui veut devenir « une bien meilleure présidente que jusqu'à présent » s'est engagée à sévir durement contre la corruption, à combattre « avec rigueur l'inflation » et donner de nouvelles « impulsions au secteur économique », dont l'industrie en crise, pour assurer la reprise du rythme de croissance garantissant le « niveau élevé d'emploi et la valorisation des salaires ». Soit les deux piliers de la politique économique qui a permis de ramener le chômage à son plus niveau historique (4,9%) et une augmentation substantielle des salaires.