Nidaa Tounès, qui a obtenu quelque 80 des 217 sièges du Parlement, ne pourra pas gouverner seul, faute de majorité absolue. Il est fort probable qu'une grande coalition à laquelle devrait participer Ennahda, soit mise en place. Ce qui expliquerait peut-être pourquoi la défaite de dimanche n'a pas suscité beaucoup d'amertume chez les islamistes. « Nous avons pris une décision avant même les élections. Même s'il a la majorité absolue, Nidaa Tounès ne gouvernera pas seul. Il faut gouverner avec les autres, dans l'intérêt de Nidaa Tounès et du pays », a déclaré Béji Caïd Essebsi, 87 ans, son chef, dans un entretien à la chaîne privée Al-Hiwar Al-Tounsi. Et la formation du futur gouvernement ? « Cela dépendra des résultats (...). Quand les résultats seront définitifs, nous penserons à la question », a-t-il dit estimant les « tractations prématurées ». Le favori de la présidentielle du 23 novembre prochain donne toutefois une indication sur ceux qui formeront avec lui la coalition pour avoir les 109 des 217 sièges nécessaires. « Nous gouvernerons avec les plus proches de nous, la famille démocratique entre guillemets », a-t-il indiqué, promettant de rétablir « le prestige » de l'Etat. En campagne, Caïd Essebsi n'a pas écarté une collaboration de circonstance avec Ennahdha. Le mouvement de Rached Ghannouchi qui a dirigé le pays dans le cadre d'une « troïka » avec deux partis séculiers de fin 2011 à début 2014, aurait eu, selon les dernières estimations, 70 sièges. Le mouvement islamiste a reconnu sa défaite et félicité son adversaire. « Nous allons continuer à travailler », a déclaré son secrétaire général, Ali Larayedh. « Nous restons l'un des principaux partis et nous représentons toujours la meilleure garantie pour la démocratie et la liberté », a-t-il dit.