René Vautier, l'un des pionniers du cinéma algérien, qui caméra à la main, a filmé dans les maquis la guerre d'Algérie, revient cette semaine à la Cinémathèque algérienne. Le film « Algérie tours/détours » co-produit par Orianne Brun Moschetti et Leïla Morouche y est à l'affiche.« C'est un hommage particulier que rend la Cinémathèque algérienne pour René Vautier à l'occasion du soixantième anniversaire du déclenchement de la guerre de novembre », expliquera le directeur du musée du cinéma Lyès Semiane. Il précisera « que la fille de Vautier n'a pu assister à la projection de ce film car la santé de son père s'est détériorée d'un coup », a-t-il affirmé. Le film d'une durée d'une heure cinquante a été tourné en 2004. Il retrace le retour, cette année-là, de René Vautier en Algérie. Il avait visité alors différents endroits où il avait séjourné. L'objectif du film, comme l'explique Leïla Morouche, « est de faire un film sur René Vautier, en hommage à ce grand homme ayant combattu, avec une caméra, pour l'indépendance de l'Algérie ». C'est de là qu'est née l'idée d'effectuer une tournée en bus et faire renaître le « ciné pop » ou cinéma populaire dont il était fervent », a-t-elle ajouté. C'est une méthode mise au point et utilisée par René Vautier afin de montrer ses films et le combat de tout un peuple. Dans « Algérie tours/détours », parole a été donnée au peuple pour comprendre ce qu'il pense, connaître ses soucis et ses espoirs. Ainsi, à travers la projection de films comme « Chronique les années de braise » de Lakhdar Hamina, de « l'Enfer à 10 ans » ainsi que les films documentaires de René Vautier, les coproductrices mènent le débat avec les spectateurs. Des questions pertinentes fusent sur l'émancipation de la femme, le rôle de la jeunesse dans le développement du pays. Le tournage s'est déroulé dans quatre villes (Tizi Ouzou, Béjaia, Tébessa et Biskra). Durant la tournée, René Vautier, formé à l'Institut des hautes études cinématographiques de Paris, tente à chaque fois de remettre au devant de la scène l'intérêt du cinéma et de la production cinématographique dans l'évolution des luttes politiques et sociales. Le combat de René Vautier est la revendication d'un cinéma perçu comme un instrument de lutte contre toutes formes de répression, d'exploitation et d'oppression. Une autre projection du film « Algérie tours/détours » est prévue jeudi prochain en présence des deux productrices qui animeront une séance débat.